
La French Tech frappe aux portes de la Bourse

La French Tech mûrit. Ce mouvement créé en 2013 par Fleur Pellerin, la ministre déléguée chargée à l’époque de l’Economie numérique, va voir deux de ses représentants entrer en Bourse. Ce lundi, le groupe de musique Believe et le fournisseur d’énergies ekWateur ont lancé leur processus de cotation (IPO) sur Euronext Paris. Tous les deux avec l’objectif de lever des fonds pour financer leur développement.
Believe prévoit ainsi de lever 500 millions d’euros, ce qui lui permettrait de réaliser pour 100 millions d’euros d’acquisition chaque année jusqu’en 2025. Les modalités financières de l’opération et son calendrier n’ont pas encore été précisées par Believe. L’opération d’ekWateur, dont le processus de cotation est un peu plus avancé - la fourchette du prix de vente des actions a été dévoilée hier (entre 7,57 et 10,23 euros par action), est plus modeste, avec une levée de fonds pouvant aller jusqu’à 50 millions d’euros.
Pour un banquier spécialisé dans les introductions en Bourse, «ces opérations montrent que les sociétés de la French Tech sont aujourd’hui suffisamment développées pour envisager une entrée en Bourse». Il souligne que la cotation est, dans les deux cas, utilisée pour lever de l’argent en vue de financer des investissements de croissance et non pour rembourser de la dette issue de précédents rachats, comme cela pouvait être le cas lors de la dernière grande vague d’IPO à la Bourse de Paris en 2015 avec les opérations Europcar, Elis ou Spie.
En augmentant ses investissements dans sa technologie ou le commercial, Believe prévoit une croissance d’environ 20% de son chiffre d’affaires cette année et se dit en mesure de maintenir un rythme annuel moyen compris entre 22% et 25% entre 2022 et 2025. Sa marge brute d’exploitation (Ebitda) est attendue entre 5% et 7% à l’horizon 2025 et doit monter jusqu'à 15% à plus long terme. «Plus nous montons en échelle, plus nous augmentons les volumes, plus la rentabilité augmente grâce aux coûts fixes de la plateforme», explique Denis Ladegaillerie, le PDG fondateur de Believe. Compte tenu de la taille de la levée de fonds, et sachant que le capital flottant devra au moins dépasser 25% pour se conformer aux règles d’Euronext, la valeur de Believe pourrait dépasser les deux milliards d’euros.
EkWateur promet aussi une forte croissance. L’opérateur alternatif vise un million de compteurs raccordés à son offre en 2025, trois fois plus qu’à fin février 2021, ce qui le conduirait à réaliser 400 millions d’euros de chiffre d’affaires, contre 87 millions lors du dernier exercice. Le tout avec une marge brute d’exploitation plus que doublée à 15%.
Egalement estampillée French Tech, la société de marteking relationnel Obiz travaille à sa cotation sur Euronext Growth avec une levée de fonds de 8 millions d’euros.
Début d’une série ?
Believe fait partie du Next 40, les quarante sociétés de la French Tech jugées les plus prometteuses. «Il s’agit de la première fois qu’une société du Next 40 vient chercher du financement sur le marché public après avoir été soutenue par des fonds de capital risque puis de croissance. C’est peut-être le début d’une longue série», espère ce même banquier, selon le schéma classique suivi par les entreprises américaines de technologies.
Une autre société du Next 40 a également annoncé récemment son projet de cotation à Paris : OVHCloud. Mais l’incendie de l’un de ses data centers à Strasbourg a mis le projet au second rang des priorités. Blablacar, qui vient de lever 115 millions de dollars en avril, a confié qu’il s’agissait probablement de son dernier tour de table avant une IPO.
D’autres membres du Next 40 font partie des candidats naturels à la Bourse, avec une taille et une maturité suffisantes pour affronter le marché. Les noms de Doctolib, de ManoMano ou de Mirakl reviennent régulièrement.
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