Une nouvelle restructuration à la Société Générale ne plairait pas aux investisseurs

La banque pourrait ne pas atteindre son objectif en matière de coûts rapportés aux revenus mais cela ne devrait pas la pousser à lancer un nouveau plan d’économies dans sa banque de détail, estiment les analystes d’UBS.
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L'action Société Générale progresse de 30% en un an  -  (RK)

Venant d’un financier, le conseil n’est pas si fréquent. Alors que les investisseurs ont tendance à applaudir l’annonce de plans de réductions des coûts, les analystes d’UBS prient les dirigeants de la Société Générale de se garder de lancer une nouvelle restructuration.

Le spécialiste de la banque suisse, Jason Napier, est arrivé à cette conclusion après avoir rencontré plusieurs investisseurs lors d’une tournée parisienne. «Presque toutes les réunions ont donné lieu à une discussion sur un éventuel nouveau plan de réduction des coûts dans la banque de détail française», indique l’analyste. En effet, il estime que la Société Générale ne parviendra pas à réduire le coefficient d’exploitation de cette division à 60% en 2026. Jason Napier prévoit plutôt une proportion de 65%. Atteindre le niveau ciblé supposerait des revenus 9% supérieurs, soit 900 millions d’euros de plus, ou des coûts 8% plus bas, soit 520 millions d’euros d’économies.

En dépit de cet écart, l’analyste ne croit pas «que les investisseurs accueilleraient favorablement qu’un nouveau budget de restructuration soit ajouté au plan de 1,7 milliard d’euros déjà annoncé pour la période 2023-2026». A l’inverse, il mise plutôt sur une «nouvelle rationalisation prudente des coûts, financée par les dépenses opérationnelles habituelles» pour améliorer les perspectives de retours sur capitaux tangibles à long terme.

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Rachat d’actions plutôt que réduction des coûts

En ce sens, Jason Napier avance trois arguments contre le lancement d’un plan de restructuration supplémentaire.

Il juge d’abord que les précédents efforts de réduction des coûts lancés par la Société Générale ont généré des gains modestes. Il estime à 3,3 milliards d’euros les charges exceptionnelles liées aux plans d’économies réalisés depuis 2017, soit 14% de la capitalisation boursière actuelle de la banque. Pour la seule banque de détail, le montant s’élève à 1,1 milliard d’euros selon UBS. Malgré ces dépenses, «la base de coûts a continué de croître plus rapidement que les revenus», note l’analyste. Il rappelle en outre qu’au moment de l’annonce de la fusion des réseaux Société Générale et Crédit du Nord, la banque prévoyait de diminuer sa base de coûts, qui s’élevait à 5,4 milliards d’euros en 2019, de 450 millions d’euros à horizon 2025. Or, l’analyste, qui reconnaît que la stratégie a pu changer depuis, notamment avec les investissements consentis pour développer BoursoBank, anticipe pour l’an prochain des coûts 700 millions plus élevés qu’en 2019 à périmètre comparable.

Jason Napier considère par ailleurs que la Société Générale ne génère pas suffisamment de trésorerie pour servir un rendement dans la moyenne du secteur à ses actionnaires tout en lançant un nouveau plan de restructuration. Enfin, l’analyste estime qu’il serait plus rentable pour la banque - et pour ses actionnaires - de racheter ses propres actions plutôt que de consacrer une nouvelle enveloppe pour réduire ses coûts.

Autant de recommandations qui n’empêchent pas Jason Napier d’apprécier l’action Société Générale qui est sa préférée parmi les banques françaises et pour laquelle il vise un cours de 33,8 euros, soit 10% au-dessus de son niveau actuel. Qui aime bien, châtie bien.

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