La prime de risque sur les banques françaises progresse mais reste loin des dernières crises

L’incertitude politique en France nourrit la défiance des investisseurs et pénalise BNP Paribas, le Crédit Agricole et la Société Générale en Bourse mais aussi sur le marché des CDS.
Agefi-Dow Jones
Banques, banque
Les CDS des banques ont remonté mais restent loin de leurs précédents pics  -  AdobeStock

La crise politique autour du projet de Budget pour 2025 met sous pression les banques françaises. En Bourse, l’action Crédit Agricole dévisse de 10,7% sur un mois et celle de BNP Paribas plonge de 15,3%. La Société Générale s’en sort en revanche nettement mieux grâce à son rebond de fin octobre et le titre progresse de 4,4% sur un mois, selon les données de FactSet.

Sur la même période, l’indice Euro Stoxx Banks affiche quant à lui un repli de 4,3%. Autrement dit, en dehors de la Société Générale, les actions des grandes banques françaises sous-performent largement leurs homologues du Vieux Continent depuis un mois.

Si l'élection de Donald Trump aux Etats-Unis le 5 novembre dernier et les risques de guerre commerciale ont fait flancher l’ensemble des marchés actions européens, les banques françaises font aussi face au risque de chaos politique en cas de censure du gouvernement de Michel Barnier dans les jours qui viennent.

Le débat sur la soutenabilité de la dette publique française a refait surface. Le gouvernement promet de ramener le déficit public d’environ 6,1% du PIB en 2024 à 5% en 2025. Mais les discussions au Parlement s’enlisent et il devient de plus en plus probable qu’aucun accord politique n’aboutisse.

Le spread au plus haut depuis 2012

Mardi dernier, l'écart de taux entre l’OAT à 10 ans de la France et le Bund allemand de même échéance (qui sert de référence en étant considéré comme sans risque) a clôturé à 84 points de base, son niveau le plus élevé depuis la crise de la zone euro en 2012. Le taux français dépassait ainsi celui de l’Allemagne de 0,84 point de pourcentage.

On observe le même coup de chaud sur les «credit default swap», les CDS. Il s’agit de produits dérivés qui servent à s’assurer contre le défaut d’un émetteur. Plus le niveau du CDS monte, plus le risque de défaut est considéré comme important.

A lire aussi: Le Crédit Agricole gagne un cran dans l'échelle des banques systémiques

Or, depuis mi-novembre, les CDS sur les trois grandes banques françaises se tendent nettement. Ces derniers jours, les CDS à 5 ans sur BNP Paribas et le Crédit Agricole ont atteint des plus hauts depuis près de quatre mois. Pour la Société Générale, le CDS à 5 ans est remonté à son niveau de mi-octobre.

Sans commune mesure avec la crise de la zone euro

Si le mouvement est net, il faut tout de même le relativiser. Le niveau des CDS est ce vendredi vers 15h de 49,5 points de base (pb) pour le Crédit Agricole, 51,8 pb pour BNP Paribas et 57,4 pb pour la Société Générale. C’est encore très loin des niveaux atteints lors du dernier gros pic de stress sur les marchés pour le secteur, quand la banque régionale américaine SVB (Silicon Valley Bank) avait fait faillite en mars 2023. Les CDS se négociaient alors à près de 104 pb pour la Société Générale, 84 pb pour BNP et 76 pb pour le Crédit Agricole.

Si on remonte encore un peu plus loin, lorsque la zone euro était menacée d’implosion entre 2010 et 2012, les CDS avaient explosé tous les plafonds pour les banques françaises. Le pic tournait à environ 266 points de base pour BNP en décembre 2011, à 314 pour le Crédit Agricole en juin 2012, et enfin à 349 pour la Société Générale en décembre 2011.

«Les tensions sur le marché français restent largement contenues jusqu'à présent et, contrairement aux crises souveraines précédentes dans la zone euro, les spreads obligataires et les secteurs sensibles aux taux, comme les banques, n’ont pas été touchés dans d’autres pays comme l’Italie ou l’Espagne», souligne ainsi Barclays dans une note publiée ce vendredi.

C’est le fameux «whatever it takes» de l’ancien président de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi, le 26 juillet 2012, qui avait permis de rassurer les marchés et fait chuter les primes de risque. Aujourd’hui, c’est la fin du «quoi qu’il en coûte» budgétaire français qui déstabilise les banques. Mais dans des proportions qui n’ont pour l’instant rien à voir.

Un évènement L’AGEFI

Plus d'articles du même thème

ETF à la Une

Contenu de nos partenaires

A lire sur ...