L'écart entre les taux allemand et français atteint un sommet de 12 ans

Le spread entre les taux à 10 ans français et allemands a grimpé jusqu'à 90 points de base alors que l’avenir du gouvernement Barnier apparaît de plus en plus incertain.
Déclaration de politique générale du Premier ministre Michel Barnier devant l'Assemblée nationale le 1er octobre 2024
Le premier ministre, Michel Barnier, a prévenu que la France serait confrontée à une «tempête» sur les marchés financiers si ses propositions budgétaires étaient rejetées et le gouvernement renversé.  -  Capture écran vidéo Assemblée nationale

Les marchés commencent à s’inquiéter pour la dette française. Le spread OAT-Bund a atteint 90 points de base (pb) mercredi matin, son plus haut niveau depuis 2012 et la crise de l’euro, en raison de la bataille budgétaire et de l’incertitude autour de l’avenir du gouvernement. A la Bourse de Paris, le CAC 40 reculait de son côté de plus de 1%, à un plus bas depuis début août.

Ces derniers mois, les marchés financiers s’intéressaient globalement assez peu au problème français. L’épisode estival autour de la dissolution de l’Assemblée nationale par le président Emmanuel Macron avait bien vu l’écart entre les taux à 10 ans français et allemands (spread OAT-Bund) passer de 50 à 70-80 points de base (pb) mais les investisseurs étrangers ne semblaient pas trop prendre le temps d’essayer de comprendre le système politique, restant persuadés de la solidité des institutions françaises.

Aujourd’hui, la position de Michel Barnier, menacé par une motion de censure, commence à les faire douter. D’autant que le premier ministre a même prévenu que le pays serait confronté à une «tempête» sur les marchés financiers si ses propositions budgétaires étaient rejetées et le gouvernement renversé.

Bloqué jusqu’en juin

Même sans majorité à l’Assemblée, le gouvernement sera en capacité de passer les budgets de l’Etat et de la Sécurité sociale d’ici à fin décembre, que ce soit via l’article 49.3 ou par application de l’article 47 de la Constitution, qui permet de percevoir l’impôt (après autorisation du Parlement) sur la base des taux déjà existants, et d’ouvrir par décrets des crédits se rapportant aux services votés et indispensables au bon fonctionnement de l’Etat dans les conditions de l’année précédente, expliquaient les experts dès l’été dernier. L’article 47-1 prévoit aussi des dispositions similaires pour adopter par ordonnance le projet de loi de financement de la Sécurité sociale après certains délais.

On peut cependant imaginer qu’une censure du gouvernement, dont la probabilité est remontée ces derniers jours avec les menaces du RN de la voter, aux côtés de députés de La France Insoumise (voire de tout le Nouveau Front Populaire), amènerait les marchés à s’intéresser de plus près au système politique français. Et à mesurer les implications du fait que le parlement reste bloqué au moins jusqu’à juin prochain, date avant laquelle personne ne peut dissoudre l’Assemblée nationale pour convoquer de nouvelles élections législatives.

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