
La Société Générale prend le risque d’une grève en France fin mars

La Société Générale retrouve la confiance des investisseurs mais s’attire le courroux de ses salariés.
En Bourse, le rebond de la banque est impressionnant. Profitant de la publication d’excellents résultats 2024, l’action s’envole de 50% depuis le début de l’année, retrouvant des niveaux inédits depuis près de sept ans.
Si cette revalorisation fait l’affaire des salariés actionnaires de l’entreprise, qui détiennent tout de même près de 10% du capital, elle ne suffit pas aux représentants syndicaux de la Société Générale en France.
Début mars, la CFDT, la CGT, la CFTC et le SNB ont tous appelé à la grève le 25 mars prochain, a appris L’Agefi. Une décision qui sanctionne plusieurs mois d'échecs de négociations salariales.
Fin 2024 d’abord, la direction de la banque n'était pas parvenue à s’entendre avec les syndicats, aboutissant à l’absence d’augmentations collectives dans le cadre des négociations annuelles obligatoires (NAO).
Début février, les négociations ont repris, la directrice des ressources humaines, Anne-Sophie Chauveau-Galas, acceptant de recevoir les syndicats après qu’une pétition a récolté plusieurs milliers de signatures, ont indiqué à L’Agefi plusieurs syndicats. La Société Générale vient alors de présenter ses solides résultats et la DRH promet de revenir vers les salariés après avoir présenté leurs doléances au comité de direction. Les représentants des salariés réclament le versement d’une prime de partage de la valeur de 1.500 euros.
A lire aussi: A la Société Générale, Slawomir Krupa se prépare à la taylorisation des banques
Prime refusée
Cette demande, qui avait déjà obtenu une fin de non-recevoir en décembre dernier, a été de nouveau rejetée, la DRH invoquant le fait que les NAO étaient «terminées», indique Ludovic Lefebvre, délégué national adjoint CGT à la Société Générale. «La direction ne s’est pas non plus engagée à exclure tout départ contraint après l’arrivée à échéance, en fin d’année, de l’accord emploi signé en 2022. Ce sera d’ailleurs un point clé lors des renégociations de cet accord qui devraient débuter avant l’été», indique le syndicaliste.
«Nous sommes arrivés à un point de non-retour, la direction nous contraint au rapport de force et nous n’avons plus d’autre choix que de nous mobiliser collectivement pour exprimer notre colère et faire changer la politique actuelle», indique l’intersyndicale dans un tract envoyé aux salariés. Elle appelle à la cessation de travail la journée du 25 mars. «Aucun format hybride de type débrayage n’est envisagé», précise Ludovic Lefebvre qui estime que la mobilisation a des chances d’être suivie. «Si ce n’est pas suivi cette fois, la direction aura une autoroute pour les deux prochaines années», prévient-il alors que le plan de suppressions de postes déployé dans le cadre du rapprochement entre les réseaux SG et Crédit du Nord arrive à son terme cette année.
Contactée par L’Agefi, la Société Générale indique être «un employeur responsable attaché au dialogue avec ses partenaires sociaux dans le cadre des échanges réguliers prévus durant l’année» et précise qu’elle attribuera en 2025 une enveloppe représentant environ 3% de la masse salariale au travers de différentes mesures collectives et individuelles. Au titre de l’intéressement et de la participation, la banque indique par ailleurs que la performance du groupe en 2024 permettra de distribuer une enveloppe globale de rémunération financière d’un montant de 201 millions d’euros, en hausse de 77% par rapport à l’année dernière.
A lire aussi: Une nouvelle restructuration à la Société Générale ne plairait pas aux investisseurs
Plus d'articles du même thème
-
L’emploi américain, une bonne nouvelle dans une période troublée
Les chiffres du rapport mensuel sur le marché du travail ressortent plutôt bons pour le mois de mars. Le détail confirme encore une dynamique faible de l’économie américaine, sans prendre encore en compte les effets des licenciements déjà effectués dans le secteur public, ni ceux liés aux risques économiques résultant de la hausse des droits de douane. -
Harvest commence à sortir du bois après sa cyber-attaque
Sonia Fendler, directrice générale adjointe chez Harvest, est intervenue à la Convention annuelle de l’Anacofi, quelques jours après s'être exprimée lors d'une réunion organisée par la CNCGP. Elle a donné des premiers éléments d’explications sur l’origine de la fuite de données et confirmé que la période d’indisponibilité des services ne sera pas facturée. -
La loi de finances 2025 a laissé aux banques un sentiment aigre-doux
Par souci de justice fiscale, la loi de Finances 2025 a apporté un certain nombre de modifications dont plusieurs touchent les banques de façon directe ou indirecte. Certaines dispositions ne sont pas à l’avantage du secteur bancaire mais d’autres sont plutôt bénéfiques. Zoom sur deux exemples concrets.
ETF à la Une
- La Banque Postale débarque le patron de sa banque privée
- A la Société Générale, Slawomir Krupa se prépare à la taylorisation des banques
- Une nouvelle restructuration à la Société Générale ne plairait pas aux investisseurs
- Le CCF a perdu une centaine de millions d’euros l’an dernier
- Le défi de la relève de Philippe Brassac au Crédit Agricole
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions