
Fleur Pellerin : «Nous avons l’ambition de lever 300 millions d’euros pour notre deuxième fonds»

L’Agefi : Le premier fonds de Korelya Capital a été mis en orbite il y a cinq ans. Quel est votre premier bilan ?
Fleur Pellerin : Notre premier fonds, baptisé K-Fund 1, avait été intégralement abondé par notre partenaire coréen Naver, à hauteur de 200 millions d’euros. Il est aujourd’hui pleinement investi, même s’il nous reste de quoi réaliser des «follow-on». Notre portefeuille compte ainsi quinze lignes directes, auxquelles s’ajoutent aussi Vestiaire Collective et Wallapop. Ces deux importantes participations ont été réalisées grâce à un fonds de co-investissement que nous avons créé avec Naver sur des verticales liées au e-commerce. Enfin, nous avions aussi une activité de fonds de fonds qui nous a permis d’investir dans une vingtaine de véhicules. Grâce à elle, nous avons pu nous constituer un réseau accéléré dans des géographies où nous n’étions physiquement pas présents, tout en apportant à Naver une vision de l’écosystème européen. Cette poche de fonds de fonds est cependant destinée à être réduite, car son objectif est aujourd’hui atteint.
Vous avez récemment annoncé votre volonté de lever un deuxième véhicule d’investissement. Où en êtes-vous ?
Nous avons l’ambition de lever 300 millions d’euros pour ce deuxième fonds et visons un premier closing d’ici fin mai. Le hard cap a quant à lui été fixé à 400 millions d’euros, mais nous préférons rester prudents car la pandémie de Covid-19 a été et reste un frein dans la levée. Pour atteindre cette fourchette haute, la présence d’investisseurs asiatiques nous est indispensable. Or pour l’instant, je ne peux plus voyager en raison des mesures de restrictions sanitaires et les échanges par vidéoconférence ne peuvent pas complètement remplacer le contact humain. Naver restera toutefois notre principal investisseur, avec un investissement de 100 millions d’euros. Nous devrions aussi obtenir le soutien d’investisseurs institutionnels ainsi que de plusieurs corporates.
Cela n’est pas une mince affaire, Korelya Capital n’ayant jamais levé auprès d’autres investisseurs…
Cette levée de fonds est de toute évidence un challenge pour l’équipe, mais nous disposons d’atouts. Nous sommes désormais clairement identifiés comme des acteurs du late stage et du growth, capables d’accompagner les entreprises dans leur phase de scaling. Korelya Capital présente aussi un angle asiatique unique, notamment grâce à son réseau coréen et japonais. Notre équipe se veut aussi pluridisciplinaire grâce à nos profils issus de tous horizons. Celle-ci vient d’ailleurs de s’agrandir avec le recrutement d’un nouvel associé en la personne de Franco Danesi, à Londres. Nous sommes désormais onze investisseurs avec nos bureaux de Paris et de Séoul. A terme, nous espérons faire croître le bureau coréen en y recrutant un profil senior, pour être en mesure de commencer à investir en Asie. Un objectif qui dépendra naturellement de notre capacité à attirer d’autres investisseurs asiatiques.
Les investisseurs ont un regard attentif sur les sorties. 2021 démarre sous de bons auspices ?
A ce jour, Korelya Capital a réalisé deux sorties avec un bon multiples mais sur des investissements qui ne sont pas très représentatifs (car impliquant des petits tickets, sur des entreprises plus «early stage», avant que le fonds passe de 100 à 200 millions d’euros). Mais nous avons désormais deux ou trois perspectives très intéressantes de sortie à horizon 18 mois, et notre portefeuille ne compte aucune entreprise en sous-performance. Nous anticipons donc une plus-value substantielle, notamment sur plusieurs licornes de notre portefeuille. Glovo a par exemple surperformé pendant la crise, tout comme la plateforme européenne de mobilité Bolt ou Ledger. Devialet est aussi sur d’excellents rails et bénéficie d’un boulevard en Asie, où nous lui avons ouvert des portes.
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