Une concertation accrue s’impose dans la 5G en Europe

La Cour des comptes européenne préconise une accélération du déploiement des réseaux et davantage d’attention portée à leur sécurité.
Yves-Marc Le Réour
couverture 5G en Europe
La Commission européenne veut garantir une couverture 5G dans toutes les zones habitées de l’UE d’ici à 2030.  -  Crédit European Union

Les pays membres de l’Union européenne (UE) doivent redoubler d’efforts pour concilier une mise en place à la fois rapide et sûre des nouveaux services télécoms offerts par la norme mobile 5G. C’est l’une des principales conclusions du rapport publié lundi par la Cour des comptes européenne qui présentait un point d’étape sur ce sujet. Dans son plan d’action pour la 5G, adopté en 2016, la Commission européenne a fixé comme objectif de garantir une couverture 5G ininterrompue dans toutes les zones urbaines et sur les principaux axes de transport d’ici à 2025. En mars 2021, cet objectif a été étendu à toutes les zones habitées à l’horizon 2030 et le coût total du déploiement de la 5G dans l’ensemble de la région pourrait ainsi atteindre 400 milliards d’euros.

L’audit réalisé par la Cour des comptes européenne met en exergue des retards dans le déploiement de ces réseaux de nouvelle génération en raison d’obstacles techniques et de la pandémie de Covid-19. À l’exception de Chypre, de la Lituanie, de Malte et du Portugal, tous les Etats membres ont atteint l’objectif intermédiaire de 2020, qui consistait à offrir un accès 5G dans au moins une grande ville. Mais dans plusieurs pays, le code des communications électroniques européen n’a pas encore été transposé en droit national et l’attribution des fréquences 5G a été repoussée en raison de la crise sanitaires, comme en Pologne ou en Espagne.

Un état d’avancement très variable

L’état d’avancement du déploiement de ces réseaux est donc très variable entre les 27 Etats membres. La Commission estime que, pour seize d’entre eux, la probabilité que l’objectif de couverture soit atteint à l’horizon 2025 et 2030 est soit «moyenne» (Autriche, Tchéquie, Estonie, Allemagne, Irlande, Lituanie, Malte, Pays-Bas, Pologne, Portugal et Slovénie) soit «faible» (Belgique, Bulgarie, Croatie, Chypre et Grèce). De surcroît, 23 pays membres n’avaient toujours pas transposé en novembre dernier la directive de l’UE qui fixe les délais d’attribution des bandes de fréquences pionnières pour la 5G. Aux frontières orientales de l’UE, ce retard est notamment lié à la Russie, la Biélorussie et l’Ukraine qui utilisent certaines fréquences concernées pour la diffusion télévisuelle ou les transmissions militaires.

L’absence d’une définition claire par Bruxelles du niveau de qualité de service attendu dans la 5G (vitesse minimale de débit et latence maximale) pourrait en outre creuser davantage la fracture numérique entre les différents pays de l’UE, mais aussi par rapport à d’autres régions du monde comme l’Amérique du Nord ou certains pays asiatiques. Le recours à une connectivité mobile à très haut débit est en effet indispensable au développement à grande échelle de nouvelles applications comme la chirurgie à distance ou la voiture autonome. Compte tenu des retards accumulés, «l’UE est donc encore loin de récolter les fruits que la 5G peut offrir», estime Annemie Turtelboom, membre de la Cour des comptes européenne responsable du rapport.

Un risque plus élevé de cyberattaques

D’autre part, « les approches adoptées par les Etats membres à l'égard de la sécurité des réseaux 5G, et en particulier la nécessité de mener une action concertée, restent un problème d’une importance stratégique pour le marché unique et la souveraineté technologique de l’UE», relève celle-ci. La part importante des logiciels afférente à cette norme expose les infrastructures 5G à un risque plus élevé de cybererattaques susceptibles de compromettre la sécurité des données personnelles.

Or six des huit principaux équipementiers, dont le chinois Huawei et le sud-coréen Samsung, sont établis hors de la région. Si Bruxelles a validé en janvier 2020 une «boîte à outils» permettant aux Etats de restreindre la présence d’équipementiers à haut risque, aucune des mesures proposées n’est juridiquement contraignante et la Commission n’a pas le pouvoir de les faire appliquer. En outre, selon l’Association européenne des exploitants de réseaux de télécommunications (ETNO), un certain nombre d’opérateurs mobiles avaient déjà sélectionné leurs équipementiers lorsque cette boîte à outils a été publiée.

«À ce jour, les Etats membres adoptent des approches divergentes en ce qui concerne tant l’utilisation d'équipements provenant de certains fournisseurs que l’ampleur des restrictions visant les équipementiers à haut risque», souligne le rapport. En décembre 2020, sur l’ensemble des équipements 4G et 5G que comptait l’UE, plus de la moitié provenaient de fournisseursde pays tiers, principalement chinois. Les auditeurs recommandent donc à la Commission européenne, de concert avec les Etats membres, de déterminer avant la fin de cette année «quels aspects de la sécurité des réseaux 5G requièrent de poser des exigences ayant force exécutoire et, le cas échéant, légiférer en ce sens».

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