
Orpea botte en touche sur l’indemnité de départ d’Yves Le Masne

D’un scandale à l’autre ? En mettant fin à l’unanimité, avec effet immédiat, aux fonctions de directeur général d’Yves Le Masne, le conseil d’administration d’Orpea risque de provoquer un nouveau séisme. Pris dans une tornade médiatique après les accusations formulées dans un livre sur la gestion de ses maisons de retraite, le groupe a en effet prévu un dispositif d’indemnisation d’Yves Le Masne en cas de départ, mécanisme voté à plus de 97% par les actionnaires en 2020. A ce titre, le dirigeant a droit à une indemnité correspondant à 24 mois de rémunération brute fixe et variable annuelle. Sur la base de 2019 et 2020, cette somme se monte à environ 2,6 millions d’euros.
Le document d’enregistrement universel (URD) précise que cette indemnité est versée, y compris en cas de départ contraint par révocation. Seule exception, la faute lourde, qui n’est pas invoquée pour le moment.
Néanmoins, selon le document, l’indemnité vaut sous réserve que la rémunération variable moyenne des deux exercices précédant le départ ait été égale ou supérieure à 75% du variable cible. Entre 75% et 50%, la somme est réduite proportionnellement, et en dessous de 50% rien ne sera versé. En l’espèce Yves Le Masne a touché 94% du cible au titre de 2019, mais seulement 61% pour l’exercice 2020. Aussi, l’indemnité serait revue à la baisse.
En attente de la mission indépendante
Le versement d’un «parachute doré» vaudrait sans nul doute à Orpea une nouvelle salve d’attaques alors même que le gouvernement reprend le dossier en main : le directeur général d’Orpea France, Jean-Christophe Romersi, est convoqué ce mardi par la ministre déléguée en charge de l’Autonomie, Brigitte Bourguignon. Le conseil d’administration a donc décidé de surseoir à toute décision concernant l’indemnité de départ jusqu’aux résultats de la mission indépendante d’évaluation diligentée par le conseil d’administration, confie un proche du dossier. Les noms des deux cabinets en charge de cette mission seront dévoilés cette semaine. Si des manquements étaient établis, le conseil pourrait ne pas attribuer cette indemnité de départ.
Yves Le Masne pourrait aussi opter pour une sortie avec panache, en renonçant à toute indemnité. Mais pour l’ex-dirigeant âgé de 59 ans et qui ne dispose pas d’indemnité de non-concurrence, un tel choix serait plus difficile que pourGeorges Plassat, dernier dirigeant en date dont le parachute doré avait créé une tempête médiatique. En 2018, sous la pression du gouvernement, le PDG de Carrefour, alors âgé de 68 ans, avait dû renoncer à son indemnité de départ de 4 millions d’euros.
Quant à Philippe Charrier, président du conseil d’Orpea depuis mars 2017, et également administrateur de Rallye, il vient d’être nommé PDG pour une durée indéterminée, «le temps nécessaire», précise un proche du dossier. Sa rémunération devrait suivre la politique de rémunération votée pour le directeur général lors de la dernière AG. Le conseil, sur proposition du comité des rémunérations, devrait la fixer dans les prochaines semaines.
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