
Les rémunérations d’Altice passent mal chez les minoritaires

Avec 75% du capital, Patrick Drahi a peu de souci à se faire lors des assemblées générales d’Altice Europe. Ce qui n’empêche pas les actionnaires minoritaires de faire entendre leur mécontentement. Ainsi, lors de l’AG tenue à huis-clos le 26 juin, ils ont exprimé en masse leur opposition à la rémunération des dirigeants, au premier chef celle d’Alain Weill, le directeur général d’Altice.
Soumis pour la première fois au vote des actionnaires du fait de la transposition en 2019 en droit néerlandais (la juridiction d’Altice) de la directive européenne droit des actionnaires, le rapport de rémunération 2019 des dirigeants a recueilli 12,97% de votes contre, soit la quasi-unanimité des minoritaires autorisés à voter avec leurs actions de classe A, selon les résultats publiés début juillet. Avec ses actions de classe B, disposant chacune de 25 droits de vote, Patrick Drahi a assuré l’adoption de la résolution, mais l’opposition est nette pour ce premier say on pay.
Les agences de conseil en vote ISS et ECGS avaient appelé les actionnaires à rejeter le rapport de rémunération, reprochant un manque de transparence dans les critères de performance appliqués pour calculer les parts variables, des gratifications discrétionnaires et des montants supérieurs aux standards du secteur. Pour 2019, Alain Weill a perçu une rémunération de base de 2,29 millions d’euros, «le niveau supérieur aux Pays-Bas pour une entreprisede la taille et de la complexité d’Altice Europe», écrit par exemple ECGS. De tous les opérateurs de télécoms européens, seul le directeur général de Liberty Global (7,2 millions) dépasse Alain Weill, soulignent les analystes de BofA dans une note récente.
Sans compter qu’à ce montant s’ajoutent un bonus de 1 million d’euros, et un intéressement de long terme en actions de classe B, valorisés 27,49 millions d’euros au 31 décembre 2019, portant ainsi la rémunération potentielle d’Alain Weill à 30,78 millions.
Ce package en actions avait été approuvé par une AG extraordinaire en juillet 2018 et avait déjà soulevé l’opposition des minoritaires, avec 16% de votes contre. Le comité des rémunérations du conseil d’administration d’Altice s’était lui-même prononcé contre. Deux de ses membres indépendants, Jean-Luc Allavena et Scott Matlock, en ont par la suite démissionné.
Altice Europe n’a pas répondu aux sollicitations de L’Agefi.
Plus d'articles du même thème
-
Le trésorier doit allonger la durée de ses placements
Pandat Finance livre comme chaque mois son décryptage du marché des placements des trésoriers d’entreprise. -
Une grève suivie à la Société Générale accentue la pression sur Slawomir Krupa
L’intersyndicale a organisé une journée de mobilisation ce mardi 25 mars. Les premiers retours font état d’un taux de grévistes d'au moins 20% dans deux régions. -
Les directeurs Actions du fonds souverain norvégien empochent chacun 1,3 million d’euros
Les deux directeurs, payés en salaire fixe, reçoivent le double du patron du fonds souverain.
Sujets d'actualité
ETF à la Une
- La Banque Postale débarque le patron de sa banque privée
- A la Société Générale, Slawomir Krupa se prépare à la taylorisation des banques
- La Société Générale prend le risque d'une grève en France fin mars
- Une nouvelle restructuration à la Société Générale ne plairait pas aux investisseurs
- Le CCF a perdu une centaine de millions d’euros l’an dernier
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions