Patrick Drahi démultiplie les droits de vote chez Altice

En créant deux classes d’actions, la structure cotée aux Pays-Bas pourra payer des acquisitions en titres sans mettre en danger le contrôle de son fondateur.
Olivier Pinaud

Patrick Drahi ne s’arrête jamais. Alors que son offre sur Bouygues Telecom vient tout juste d’être rejetée par Bouygues, le magnat européen du câble a annoncé vendredi une réorganisation d’Altice SA, sa structure cotée à la Bourse d’Amsterdam depuis janvier 2014. L’opération doit permettre à Patrick Drahi de procéder à des augmentations de capital pour financer des acquisitions en Europe et aux Etats-Unis tout en gardant le contrôle d’Altice en droits de vote.

Pour cela, la société de droit luxembourgeois Altice SA va être absorbée par une nouvelle entité, Altice NV, de droit néerlandais. Le capital de celle-ci sera composé de deux catégories d’actions: les A porteront chacune un droit de vote, les B en auront 25 chacune. Autre différence: les A auront une valeur nominale de 1 centime, les B de 25 centimes. Pour une action Altice SA détenue, un actionnaire recevra 3 actions Altice NV de classe A et 1 action Altice NV de classe B. Après l’opération et la cotation des nouvelles actions à Amsterdam, les actionnaires pourront échanger leurs actions B contre des actions A, à raison d’un ratio de une pour une. Altice a indiqué vendredi vouloir concentrer environ 75% de la liquidité du marché de son titre sur les actions de classe A, ce qui devrait inciter les investisseurs à s’orienter vers ces titres. Par ailleurs, afin de conserver les avantages du droit luxembourgeois, les actifs et les passifs d’Altice SA seront transférés vers une nouvelle structure luxembourgeoise, Altice Luxembourg, créée pour l’occasion. Une assemblée générale d’Altice se tiendra début juillet.

Patrick Drahi aura tout intérêt à conserver ses actions de classe B, voire à céder des actions A pour racheter des B, afin d’augmenter son poids en droits de vote. Initialement, sa holding Next détiendra un peu moins de 60% des droits de vote. En procédant à l’avenir à des augmentations de capital via des actions A, sa dilution en droits de vote sera limitée.

Rendue possible par la loi néerlandaise, cette structure de capital est relativement fréquente aux Etats-Unis. C’est d’ailleurs l’une des raisons qui avait incité le chinois Alibaba à choisir une cotation aux Etats-Unis, son fondateur Jack Ma pouvant ainsi garder la main sur le groupe de commerce en ligne. Et si Mark Zuckerberg ne détient plus qu’une proportion minime du capital de sa société, le fondateur de Facebook garde 55% des droits de vote grâce à ses actions B.

Un évènement L’AGEFI

Plus d'articles du même thème

ETF à la Une

Contenu de nos partenaires

A lire sur ...