
Une grève suivie à la Société Générale accentue la pression sur Slawomir Krupa

Le patron de la Société Générale se serait sans doute bien passé d’une telle publicité. Ce mardi, l’intersyndicale de la banque a organisé une grève nationale largement médiatisée pour contester la politique de rémunération du groupe et mettre la pression sur Slawomir Krupa avant la renégociation d’un accord clé sur l’emploi qui doit avoir lieu avant l’été.
Selon de premiers retours syndicaux, le taux de participation au mouvement s’est élevé à 25% dans les Hauts-de-France et à 20% en Auvergne-Rhône-Alpes. Contactée par L’Agefi, la Société Générale n’a pas souhaité commenter.
Si ces niveaux de participations se confirment à l'échelle nationale, ils seraient proches de celui de 25% enregistré, selon des sources syndicales de l’époque, lors du débrayage d’une heure organisé en octobre 2022. A l’issue de ce rapport de force, les salariés avaient obtenu une révision en hausse du niveau des augmentations collectives proposées.
«En banque, en intersyndicale, sur un mouvement d’une journée, c’est historique», s’est félicitée Johanna Delestré, déléguée nationale adjointe CFDT à la Société Générale. «Le score est au-dessus des précédentes mobilisations», confirme Ludovic Lefebvre, délégué national adjoint CGT à la Société Générale, qui ajoute par ailleurs que, «a priori, 15 des 19 agences corses étaient fermées» le 25 mars.
Plusieurs mois d’échecs
Selon nos informations, la mobilisation s’est déroulée dans le calme, sans affecter l’activité de la banque, avec plusieurs rassemblements organisés notamment au siège du groupe à la Défense et à Lille.
Ce mouvement initié par la CFDT, la CGT, la CFTC et le SNB fait suite à plusieurs mois d’échecs de négociations salariales. En fin d’année dernière, les syndicats et la direction n’étaient pas parvenus à s’entendre lors des négociations annuelles obligatoires, aboutissant à l’absence d’augmentations collectives.
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Forts d’une pétition signée par près de 15.000 personnes, les représentants des salariés ont ensuite tenté d’obtenir le versement d’une prime de partage de la valeur de 1.500 euros, sans succès malgré une rencontre avec la directrice des ressources humaines début février.
Alors qu’il semble clair que le directeur général, Slawomir Krupa, n’accordera pas plus aux salariés qu’une enveloppe représentant environ 3% de la masse salariale, la grève organisée ce mardi se voulait aussi un avertissement pour le dirigeant en amont d’une négociation qui doit s’ouvrir avant l’été sur la signature d’un nouvel accord sur l’emploi, le précédent arrivant à échéance en fin d’année. Sur ce point, les syndicats réclament la reconduction de l’engagement de la direction d’exclure tout départ contraint alors que le plan de suppressions de postes déployé dans le cadre du rapprochement entre les réseaux SG et Crédit du Nord arrive à son terme cette année.
La flambée boursière se poursuit
Dans ce contexte, le fait que Slawomir Krupa confie récemment au Financial Times que «tout était sur la table» et que «rien n’était sacré» pour améliorer l’efficacité de la banque n’a sans doute pas rassuré les syndicats.
En attendant, le mouvement social ne perturbe pas vraiment les investisseurs, qui continuent à croire dans le renouveau boursier de l’action Société Générale. Le 25 mars, elle a, comme l’ensemble du secteur bancaire, grimpé de plus de 2%, établissant au passage un nouveau sommet depuis octobre 2017, à 43,9 euros. Depuis le début de l’année, le titre s’envole de plus de 60%.
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