
L’envolée des délais de paiement des PME inquiète Bercy

Une bombe à retardement. La quasi-totalité des entreprises pensent que le non-respect des délais de paiement est un fléau qui peut conduire au dépôt de bilan, selon la dixième édition du baromètre du cabinet de recouvrement de créances ARC réalisé en septembre par l’Ifop auprès de 500 entreprises.
Si ces délais se sont légèrement améliorés de 0,8 jour dans les grandes entreprises à 8,1 jours, ils ont bondi de 7,7 jours dans les PME à 18,6 jours, crise oblige, un plus haut depuis le premier baromètre en 2012. «Une triste spécialité française, [mais] je n’ai pas voulu changer la législation», a expliqué Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, lors d’un webinaire du Cabinet ARC. Il va réunir les entreprises privées secteur par secteur et mettre en place des médiateurs entre les grandes entreprises donneuses d’ordres et les PME de deuxième et troisième rangs afin d’avoir des chiffres objectifs sur les retards de paiement. Ces retards s’expliquent par la détérioration des trésoreries (pour 32% des sondés) mais aussi par un blocage délibéré des factures (24%).
Dans le secteur public, 55% des PME refusent de répondre aux appels d’offres par crainte de ne pas être payées ou beaucoup trop tardivement. «C’est intolérable», tempête Bruno Le Maire. Nous allons renforcer les exigences vis-à-vis des administrations afin qu’elles respectent leurs délais de paiement». D’autant que tous les appels d’offres, notamment sur la rénovation thermique des bâtiments publics de l’Etat pour 2,7 milliards d’euros, doivent bénéficier aux PME françaises, rappelle le ministre.
Bercy favorable à une notation
Pour près des trois quarts des sociétés sondées, la dématérialisationdes factures est une réponse à la réduction des délais de paiement, et même la meilleure pour 67%. Et pour près de la moitié, la crise du Covid-19 devrait inciter les clients à utiliser des solutions d’intelligence artificielle pour optimiser leur crédit management. Surtout, 84% des entreprises – tant les petites que les grandes – plébiscitent une notation «délais de paiement», qui permettrait de connaître le comportement de son futur partenaire commercial. «Sur le principe, j’y suis favorable. C’est une bonne idée», précise Bruno Le Maire. Pour 70% des sondés, les délais de paiement doivent devenir une donnée obligatoire du rapport RSE.
Plus des trois quarts des entreprises interrogées estiment que les mesures prises par le gouvernement sont adaptées à la situation actuelle, et plus de 62% pensent qu’elles suffiront pour engager la reprise. D’ailleurs, 38% des sociétés utilisent les aides de l’Etat, et les trois quarts jugent que les banques les ont bien soutenues en leur accordant les prêts garantis par l’Etat (PGE). Jusqu’au 30 juin 2021, les entreprises peuvent bénéficier d’un PGE plafonné à 25% du chiffre d’affaires. Ce prêt doit être remboursé au bout d’un an, ou peut bénéficier d’un échéancier sur une à cinq années supplémentaires, pour un taux, négocié entre Bercy et la Fédération bancaire française (FBF), compris entre 1% et 2,5%. En aucun cas, une banque ne pourra exiger un taux plus élevé, martèle Bruno Le Maire. Au cas par cas, le remboursement de la première échéance pourra être décalé pour les entreprises en grande difficulté. Par ailleurs, l’objectif de 20 milliards d’euros de prêts participatifs permettra aux entreprises de reconstituer leurs fonds propres.
Néanmoins, près d’un tiers des sociétés pensent qu’il faudra plus de deux ans pour effacer les traces de la crise. D’ailleurs, 43% tablent sur un recul de leur activité (contre 16% en 2019) et seulement 13% anticipent une croissance (contre 44% en 2019).
Plus d'articles du même thème
-
Groupama enregistre le résultat le plus élevé de son histoire
L’assureur mutualiste affiche des résultats 2024 en nette progression par rapport à l’exercice précédent grâce à la bonne tenue de l’ensemble de ses activités d’assurance et une sinistralité "climatique" clémente. Toutefois, le ratio de solvabilité pâtit d’effets de marché défavorables et d’exigences en capital plus élevées. -
L’analyse de l’immatériel constitue un outil précieux pour valoriser une entreprise
Le cabinet de conseil Eight Advisory dévoile son Indice Iceberg, indicateur qui permet de mieux comprendre les facteurs endogènes et exogènes qui influent sur la valeur d’une société. -
Mirabaud enregistre une progression de 7% de ses encours en 2024
Le groupe financier suisse Mirabaud a fait état, vendredi 28 mars, d’une croissance de 7% de ses actifs sous gestion sur l’exercice 2024, ressortant à 32,3 milliards de francs suisses fin décembre.
ETF à la Une
- La Banque Postale débarque le patron de sa banque privée
- A la Société Générale, Slawomir Krupa se prépare à la taylorisation des banques
- La Société Générale prend le risque d'une grève en France fin mars
- Une nouvelle restructuration à la Société Générale ne plairait pas aux investisseurs
- Le CCF a perdu une centaine de millions d’euros l’an dernier
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions