
Bercy déploie ses renforts au capital des entreprises

Le ministre de l’Economie a présenté lundi matin, en partenariat avec les associations du secteur financier et des épargnants, la feuille de route de Bercy pour soutenir et renforcer la solvabilité des entreprises et des PME françaises dans le cadre de la crise sanitaire et du plan de relance. «Le nombre de défaillances d’entreprises a été largement limité (et même diminué de -30% sur un an entre fin août 2019 et fin août 2020), mais au prix d’une forte hausse de l’endettement», a rappelé Bruno Le Maire, pour expliquer ces mesures.
Label «Relance»
Afin d’aider les entreprises à reconstituer leurs fonds propres et de mobiliser l’épargne forcée des particuliers, Bercy confirme le lancement d’un label «Relance» que les fonds d’investissement (OPCVM ou FIA) peuvent adopter et afficher automatiquement trois semaines après leur demande (sauf avis contraire de la Direction générale du Trésor). Les conditions ? Investir en fonds propres ou quasi-fonds propres dans les PME, collecter une partie du fonds auprès d’investiseurs particuliers (en direct, via un PEA ou une assurance-vie), et respecter un cahier des charges ESG minimum, notamment sans financement dans le secteur du charbon. Alors qu’il n’a pas d’objectif chiffré pour cette mesure, le ministère a dévoilé la liste de la première série de fonds labellisés. Les fonds investis dans des entreprises non cotées pourront en outre solliciter le soutien de l’instrument de garantie en capital de Bpifrance «Garantie Fonds Propres», dont les capacités seront relevées dans le cadre du projet de loi de finances (PLF) jusqu’à 1 milliard d’euros.
Le ministre a aussi annoncé qu’après consultation des économistes, l’objectif du dispositif de prêts participatifs soutenus par l’Etat, qui devait s’appuyer sur une garantie partielle de l’Etat de 2 milliards d’euros, sera redéfini dans la loi par un objectif d’encours à 20 milliards d’euros d’ici à fin 2022. D’une maturité supérieure à 7 ans et destinés aux PME-TPE voire ETI ayant des perspectives de développement mais dont la structure de bilan a été affaiblie par la crise, ces prêts seront distribués par des banques ou des sociétés de gestion dans le cadre d’un accord avec l’Etat, puis refinancés auprès d’investisseurs institutionnels via des fonds de créances. Il est également envisagé d’ouvrir le dispositif à des financements obligataires subordonnés octroyés par des fonds de capital-investissement, selon le même schéma (avec environ 1 milliard de garanties). Bercy discute en parallèle avec la Commission européenne des caractéristiques précises du dispositif qui sera finalisé avant la fin de l’année.
D’autres initiatives doivent contribuer au renforcement des fonds propres et de la trésorerie des entreprises, comme une facilitation des opérations de cession-bail avec un dispositif de neutralisation de l’impact fiscal.
Par ailleurs, Bercy a bien proposé d’étendre jusqu’au 30 juin 2021 la période des demandes des Prêts garantis par l’Etat (PGE), qui devaient être contractés avant le 31 décembre 2020 mais ne l’ont été que pour un gros tiers des 300 milliards prévus au 2 octobre. Toujours concernant ces PGE qui au bout d’un an devaient être soit remboursés intégralement soit prolongés de un à cinq ans (1+5) avec dès lors un remboursement par amortissement, le ministère s’est entendu avec la Fédération bancaire française (FBF) afin que, sous réserve de l’accord de Bruxelles, les établissements prêteurs puissent, au cas par cas et en ciblant particulièrement les secteurs touchés par les restrictions sanitaires, prolonger également d’un an la période initiale de non remboursement.
Plus d'articles du même thème
-
La chute se poursuit sur des marchés paniqués par la guerre commerciale
Les Bourses européennes ont ouvert dans le rouge vif lundi après le plongeon des marchés asiatiques. Les taux continuent également à reculer. -
Les cours de Bourse des gestionnaires d'actifs ne sont pas épargnés par la bataille des tarifs douaniers
L'Agefi a calculé et compilé les variations de cours enregistrées par les gestionnaires d'actifs cotés en Bourse sur les séances du 3 et 4 avril 2025 après les annonces américaines sur les droits de douane. -
Le risque de surenchère tarifaire tétanise les marchés
La riposte de la Chine aux tarifs douaniers réciproques de Donald Trump a exacerbé le risque d'escalade et de récession, plongeant les marchés financiers encore davantage dans la tourmente. Wall Street accuse sa pire chute depuis la crise Covid. L'Europe efface ses gains de 2025. Les investisseurs fuient vers les emprunts d'Etat.
ETF à la Une
- La Banque Postale débarque le patron de sa banque privée
- A la Société Générale, Slawomir Krupa se prépare à la taylorisation des banques
- La Société Générale prend le risque d'une grève en France fin mars
- Une nouvelle restructuration à la Société Générale ne plairait pas aux investisseurs
- Le CCF a perdu une centaine de millions d’euros l’an dernier
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions