
Retraites, cette réforme si nécessaire et si insuffisante

Une réforme pour sauver notre système de retraites par répartition, ça ne vous rappelle rien ? Après les millésimes Balladur 1993, Fillon 2003, Sarkozy 2007, Woerth 2010, Touraine 2014 et le big bang systémique avorté de 2020, Borne 2023 remet l’ouvrage sur le métier… pour repousser l’âge légal de départ à 64 ans. C’est toujours moins qu’en 1981, à une époque où la démographie se montrait autrement plus favorable au pays.
Comme les précédentes, cette réforme paramétrique mi-chèvre mi-chou ne servira qu’à colmater pour un temps les brèches du fragile édifice, sans en consolider les fondations. A poursuivre trop d’objectifs, elle n’en atteint aucun. Ses impasses assumées – ni hausse des cotisations, ni baisse des pensions – la condamnent à l’insuffisance. D’où ces quelques milliards d’euros d’économies annuelles attendues en 2027, auxquels il faut ajouter une poignée de milliards de recettes fiscales et sociales liées à l’allongement de la durée du travail. Une manne certes appréciable, mais dont le chiffrage fait pâle figure à côté des dizaines de milliards que l’Etat employeur doit consacrer chaque année à l’équilibre du régime des fonctionnaires et des régimes spéciaux. Comment convaincre, de surcroît, de l’équité d’une réforme qui fait porter l’essentiel de l’effort sur les jeunes générations ? La France est devenue le paradis des seniors, du moins des plus aisés : un pays où les pensions ont augmenté, l’an dernier, plus vite que les salaires, alors que le niveau de vie moyen d’un retraité dépasse celui d’un actif.
Idéologie
Il eût aussi fallu raisonner hors du strict cadre de la répartition. Mais la création d’une couche de retraite par capitalisation collective, que l’on accorde aux pharmaciens ou à la fonction publique grâce à l’Erafp, reste interdite au plus grand nombre, par idéologie.
A défaut de sauver le système, du moins le pays peut-il espérer préserver sa qualité de crédit. Paris joue sa crédibilité vis-à-vis des marchés financiers et de ses partenaires européens dans le monde d’après l’argent gratuit. Ses 3.000 milliards de dette, son déficit primaire chronique et sa charge d’intérêt annuelle supérieure au budget d’un ministère régalien ne lui laissent plus le loisir de payer les investisseurs de simples déclarations d’intention. Ni d’appeler ses voisins à une solidarité sans limites. Il faut montrer patte blanche face à des créanciers obligataires qui n’hésiteront pas à sanctionner le laxisme budgétaire des Etats, comme ils l’ont prouvé cet automne en provoquant la chute de Liz Truss au Royaume-Uni. Si d’aventure le gouvernement échouait à faire passer une réforme aux ambitions pourtant réduites, la dette française pourrait bien devenir le pari perdant de 2023.
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