
Pourquoi le taux d’endettement de la France diminue

Nichés au cœur du projet de loi de finances 2023 présenté par Bercy le 26 septembre, ces chiffres peuvent surprendre. Le gouvernement prévoit une baisse du niveau du taux d’endettement de la France à 111,5% du PIB en 2022 et 111,2% en 2023 après 112,8% l’an dernier (et 115% en 2020). Un excès d’optimisme de la part du ministre de l’Economie ? Pas vraiment. Bruno Le Maire et ses équipes n’anticipent ni une réduction massive du déficit public – il est prévu à 5% cette année et la prochaine après 6,5% en 2021 –, ni une envolée de la croissance. Le gouvernement retient en effet une hausse du PIB de 2,7% en 2022 et de 1% l’année suivante, un niveau un peu optimiste, supérieur aux prévisions du consensus, mais loin d’être extravagant.
Le montant de la dette de l’Etat français n’est d’ailleurs pas orienté à la baisse, loin de là. A fin juillet dernier, la dette négociable s’élevait à 2.227 milliards d’euros selon l’Agence France Trésor, en hausse de 82 milliards par rapport à fin 2021 et de 226 milliards depuis fin 2020. Pour 2023, l’Hexagone prévoit d’émettre une dette record de 270 milliards d’euros.
Un PIB dopé à l’inflation
Alors, comment expliquer la diminution du taux d’endettement dans un contexte de ralentissement de la croissance et de déficits élevés ? La réponse tient en un mot : l’inflation. Le taux de croissance du PIB systématiquement mis en avant correspond à la croissance «en volume» afin justement d’annuler les effets de la hausse des prix. Le PIB en valeur augmente en fait grâce à la croissance mais aussi à l’inflation. Ainsi, le PIB de la France a atteint 2.500,9 milliards d’euros en 2021 selon l’Insee, en progression de 8,6% par rapport aux 2.302,9 milliards enregistrés en 2020 pour une croissance économique affichée à «seulement» +6,8%. La différence tient largement à l’inflation, qui a pointé à 1,6% l’an dernier. Et l’écart peut être encore plus significatif lorsque cette dernière est élevée comme c’est actuellement le cas. Pour 2022, Bercy l’anticipe à 5,3% en moyenne annuelle.
Quand il est positif, le différentiel entre le rythme de progression des prix et les taux d’intérêt auxquels s’endette l’Etat français permet en outre de réduire le coût réel de la dette. Si bien que, au global, «avec un taux d’intérêt nominal de 2,8%, une inflation de 6% et une croissance réelle de 1%, la France pourrait avoir un déficit public de près de 5% du PIB sans augmenter son taux d’endettement public», analyse Patrick Artus, conseiller économique de Natixis.
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