Pourquoi l’action EDF cote sous les 12 euros offerts par l’Etat

Le cours de Bourse de l’électricien a immédiatement bondi à sa reprise de cotation mardi sans toutefois s’aligner sur le prix de l’offre. Une question de temps et d’incertitudes.
Johann Corric
EDF, siège à la Défense (92)
L’action EDF s’envole de 50% depuis le 5 juillet.  -  RK.

Après quatre séances d’une suspension de cotation discutable, l’action EDF est de nouveau négociable depuis le 19 juillet. Entre temps, l’Etat français a annoncé un projet d’offre publique d’achat simplifiée (OPAS) sur les 16% du capital qu’il ne détient pas au prix de 12 euros par titre, en ligne avec les anticipations des analystes qui visaient une offre entre 12 et 13 euros.

En réaction à cette annonce, l’action a bondi de 15% sans toutefois s’aligner sur le prix. A 11,75 euros, elle subit même une décote de 2,1% sur les 12 euros proposés par l’Etat. Loin d’imaginer une fronde des actionnaires qui obligerait le gouvernement à revoir sa copie, les investisseurs semblent considérer qu’il existe une possibilité que le projet n’aille pas à son terme. «A ce stade, il s’agit simplement d’une proposition. L’offre doit encore être validée par l’Autorité des marchés financiers prévue pour fin septembre avant d’être lancée», explique David Lenfant, associé de Laffitte Capital, gérant d’un fonds spécialisé dans l’arbitrage des opérations de fusion-acquisition. Avant de pouvoir lancer formellement l’OPAS, l’Etat doit en outre promulguer une loi de finances rectificative pour 2022 permettant d’avoir les crédits nécessaires à l’achat des 9,7 milliards d’euros de l’opération. «La non validation de cette étape législative ou un allongement des délais n’est pas impossible», estime David Lenfant pour qui l’essentiel de la décote actuelle tient à cet aléa. Il rappelle par ailleurs que la clôture de l’offre n’est pas prévue avant octobre, si tout va bien. Or, dans un contexte de hausse des taux d’intérêt, le coût de portage d’un actif qui ne rapporte rien pendant plusieurs mois n’est pas nul. «Un dernier aléa vient du taux d’apport à l’opération. Même si le changement de la loi Pacte de 2019 a baissé le seuil nécessaire de 95% à 90% pour le retrait des marchés, nécessitant ainsi 6% d’apport dans cette opération».

7% de rendement

Dans ces circonstances, le cours d’EDF devrait progressivement se rapprocher du seuil des 12 euros au fur et à mesure de la levée des incertitudes réglementaires et législatives et du rapprochement de la date de réalisation de l’OPAS. Un scénario sur lequel mise d’ailleurs Laffitte Capital, qui s’est positionné sur l’action le 19 juillet. «En supposant que l’offre est mise en œuvre fin octobre au prix annoncé, l’achat du titre aujourd’hui au cours de 11,75 euros permet d’envisager un rendement annualisé de 7%», calcule David Lenfant.

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