L’inflation américaine de décembre rassure les marchés

La hausse des prix aux Etats-Unis a accéléré en décembre, à 2,9%, mais elle est conforme aux attentes et l’inflation de base est même légèrement inférieure aux prévisions. Les taux souverains baissent et les actions rebondissent.
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L'inflation de base a reculé à 3,2% en décembre aux Etats-Unis  -  Fotolia
Le département américain du Travail donne un peu de répit aux marchés. Mercredi, il a publié des chiffres d’inflation rassurants pour le mois de décembre, permettant aux rendements des obligations souveraines de se détendre et aux Bourses d’accélérer. L’indice global des prix à la consommation CPI a augmenté de 2,9% sur un an, en hausse par rapport aux 2,7% enregistrés en novembre, et pour un troisième mois consécutif, conformément à la prévision des économistes interrogés par le Wall Street Journal. Mais l’inflation de base («core CPI») est ressortie à 3,25% en rythme annuel (au lieu des 3,3% attendus), après 3,30% en novembre, et à 0,22% en rythme mensuel (pour 0,3% attendu) après 0,31% en novembre.

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Plusieurs nouvelles en une

«C’est enfin une bonne nouvelle sur le front de l’inflation, a déclaré Bastien Drut, responsable de la stratégie et des études économiques chez CPR AM. Après trois mois de stagnation à 3,3%, l’inflation sous-jacente a repris son mouvement de baisse en décembre. En ligne avec les attentes pour décembre, elle remonte en très large part à cause d’effets de base sur l’énergie moins favorables : le CPI ‘énergie’ reste pourtant à un plus bas niveau depuis début 2022 (avant la guerre en Ukraine)», ajoute l’économiste, pour qui des effets de base a priori favorables pourraient permettre une décrue supplémentaire de l’indice «core CPI» en janvier.

«Certes, on n’a pas de surprise à la hausse, mais on ne peut pas vraiment parler de surprise à la baisse quand presque tous les chiffres sont sortis en ligne avec les attentes, avec des moyennes en hausse sur trois mois annualisés (sauf pour le ‘core CPI’) et sur six mois annualisés», nuance François Rimeu, stratégiste senior chez Crédit Mutuel AM (CMAM).

Dans le détail, la hausse d’ensemble, à +0,4% en rythme mensuel, a donc été défavorisée par les prix de l’énergie (+2,6% sur un mois, dont +4,4% sur l’essence), et un peu par les prix de l’alimentation (+0,3% sur un mois, dont +1,2% sur les céréales). «Plusieurs indicateurs montrent que ce mouvement sur l’alimentaire peut s’empirer», ajoute François Rimeu.

De nombreux composants ont contribué à atténuer l’inflation sous-jacente aux Etats-Unis. Les prix des biens ont augmenté assez faiblement, de +0,1% sur un mois, malgré une progression encore élevée des prix des voitures d’occasion, à +1,2% sur un mois. Les prix des services restent trop élevés, mais connaissent une modération générale progressive pour le quatrième mois de suite. Et ce malgré la nouvelle hausse des prix des services de transport (hors énergie), de +0,5% sur le mois à cause des réparations, des assurances et surtout des billets d’avion. On constate même un troisième mois consécutif de légère modération pour le poste logement («shelter»), si important avec un poids de 36,7% dans cet indice, dont 27,2% pour l’équivalent loyer des propriétaires (OER).

«Le taux sur les nouveaux prêts hypothécaires à 30 ans a beau être remonté de 3% à 7% depuis 2022, le taux moyen pratiqué sur le stock de prêts reste légèrement au-dessus de 4% et prendra encore au moins trois ans avant de rejoindre un plus haut, poursuit François Rimeu. Sans une nette hausse du taux de chômage, cela ne peut pas inverser un marché de l’immobilier encore en hausse de près de 4% en rythme annuel. Les loyers et équivalents OER ne ralentiront donc que modérément.»

Surréaction des marchés ?

Après ces chiffres, le taux souverain américain à 10 ans a chuté de 13 points de base (pb), à 4,66%, entraînant avec lui les rendements européens à la baisse (2,52% pour le Bund allemand), et les actions à la hausse (+1,8% pour le S&P 500 ; +1% pour l’Euro Stoxx 50). Sur les marchés à terme, la probabilité d’une première baisse complète (25 pb) des taux de la Fed, qui avait été reportée de juin à septembre vendredi 10 janvier après les chiffres de l’emploi américain, a été ramenée à juillet.

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«Les marchés ont également réagi aux chiffres rassurants sur les prix à la production américains PPI (+0,2% sur le mois de décembre au lieu de +0,3% attendu, ndlr) et sur l’inflation britannique, complète François Rimeu. Les marchés ont pris des paris sur les taux, alors que l’arrivée de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis le 20 janvier ne permet pas d’avoir une vision claire sur la suite : présumées inflationnistes, les décisions sur les tarifs douaniers, la politique migratoire ou les baisses d’impôts dépendront de trop de négociations nationales et internationales.» Les spécialistes d’Oxford Economics ont calculé, d’après leur modèle intégrant CPI et PPI, que l’indice mensuel d’inflation sous-jacente lié aux dépenses de consommations PCE – le plus suivi par la Fed - devrait ainsi ressortir à 0,12% pour le deuxième mois de suite en décembre (au-dessous du niveau de 0,17% nécessaire pour rejoindre la cible de 2% sur un an).

Pour Christophe Boucher, directeur des investissements chez ABN Amro Investment Solutions, «le récent rebond des rendements est devenu une véritable source d’inquiétude, que ce soit pour les consommateurs ou pour les gouvernements confrontés à une lourde charge de la dette. A ce stade, toute légère surprise à la baisse sur l’inflation ou même sur les données économiques pourrait être positive pour les actions», a-t-il également estimé.

(avec Agefi-Dow Jones)

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