
L’inflation américaine a légèrement accéléré en novembre à 2,7%

L’inflation aux Etats-Unis a légèrement accéléré sur un an en novembre, conformément aux prévisions. L’indice global des prix à la consommation (CPI) a augmenté de 2,7% sur un an le mois dernier, après une hausse de 2,6% en octobre, selon les données publiées mercredi par le département américain du Travail (US Bureau of Labor Statistics, BLS). Ce chiffre est conforme aux attentes des économistes interrogés par le Wall Street Journal. L’inflation de base (core CPI), qui exclut les prix volatils de l’alimentation (2,4%) et de l’énergie (-3,2%), a atteint 3,3% sur un an en novembre, comme en octobre, et conformément aux prévisions des économistes.
Sur un mois, l’indice global des prix à la consommation a progressé de 0,3% en novembre, après une hausse de 0,2% en octobre, tandis que l’inflation de base s’est établie à 0,3% le mois dernier, comme le mois précédent. Ces chiffres sont également conformes aux estimations des économistes. Mais ils font remonter assez nettement les moyennes sur 3 mois annualisés : de 2,4% à 2,9% pour l’inflation CPI et de 3,5% à 3,6% pour l’inflation «core» CPI. «La variation sur 6 mois annualisée du core CPI - une métrique à laquelle se réfère parfois le président Jerome Powell - remonte aussi à 2,9%, soit un plus haut depuis juin», remarque Bastien Drut, responsable de la stratégie et des études économiques chez CPR AM, comme d’autres analystes avec un biais habituel «accommodant».
Sur les marchés, le rendement de l’obligation souveraine américaine à 10 ans a d’abord reculé de 3 points de base (pb) mercredi en début d’après-midi, à 4,22%, tandis que la probabilité de voir la Fed baisser ses taux directeurs lors de sa réunion du 18 décembre est passée de 89% à 98% selon l’outil FedWatch de CME Group.
Vigueur de la consommation
Dans le détail, les prix des biens ont de nouveau augmenté en rythme mensuel (+0,3%), même s’ils continuent à reculer en rythme annuel (-0,6%). Avec une nouvelle progression des prix des véhicules d’occasion (+2% en rythme mensuel ; -3,4% en rythme annuel) et des véhicules neufs (+0,6% mensuel ; -0,7% annuel) ainsi que des équipements de maisons (+0,7% mensuel ; -1,0% annuel).
Une fois de plus, les prix des logements et les services ont été les principaux contributeurs à la hausse des prix, mais «on a observé un certain ralentissement des composantes les plus tenaces de l’inflation, notamment le logement. Cela montre que la tendance désinflationniste a encore de la marge», résume Ryan Sweet, chef économiste US d’Oxford Economics. Les prix des services augmentent encore un peu trop, à +0,3% en rythme mensuel en novembre comme en octobre (après +0,4% en septembre. Avec un léger ralentissement de l’inflation pour les transports, à 0% en rythme mensuel et 7,1% en rythme annuel, encore pénalisés par le coût des réparations (+0,2% en rythme mensuel) mais moins par le coût des assurances auto (+0,1% en rythme mensuel ; +12,7% en rythme annuel) et des billets d’avion (0,4% en rythme mensuel).
Si le poste logement («shelter»), qui pèse 36,6% de l’indice total, reste pesant avec +0,3% en rythme annuel (+4,7% en annuel), les analystes trouveront à nouveau encourageant de voir que les loyers ainsi que l’équivalent loyer des propriétaires (OER) n’ont plus augmenté que de 0,2% sur le mois de novembre.
«Cette modération de la croissance de l’inflation mensuelle, particulièrement dans les services et le logement, conjuguée à la croissance modeste des salaires hebdomadaires - augmentant seulement de 1% contre 1,4% attendu - est cruciale et place la Fed en route vers une nouvelle baisse en décembre», conclut Florian Ielpo, responsable de recherche macro chez Lombard Odier IM. Effectivement, «cette publication n’empêchera pas la Fed, désormais préoccupée par le marché du travail, de baisser ses taux ce mois-ci. Mais il ne lui est pas encore possible de considérer l’inflation élevée comme une affaire classée», ajoute Bastien Drut.
«Il existe de nombreuses raisons pour lesquelles l’inflation ne devrait pas réapparaître, même si l’on craint une nouvelle vague. Le marché du travail n’est pas inflationniste – également grâce à la croissance tendancielle solide de la productivité. Les Etats-Unis importent et continueront d’importer de la désinflation sur les biens avec le dollar américain qui s’apprécie et les problèmes de surcapacité de la Chine», conclut aussi Ryan Sweet, quasi-certain d’une baisse de taux en décembre avant une pause en janvier, à cause des effets saisonniers, des potentielles mesures de l’administration Trump.
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