
Les marchés relativisent la crise politique en Italie

Le président du Conseil italien Giuseppe Conte a annoncé mardi devant le Sénat qu’il allait remettre sa démission, confirmant la crise politique dans laquelle le pays est à nouveau plongé depuis que la Ligue de Matteo Salvini a déposé, le 8 août, une motion de défiance contre le gouvernement de coalition auquel il appartient en tant que vice-président du Conseil au côté de Luigi di Maio (Mouvement 5 Etoiles, M5S). Les deux partis s’étaient une nouvelle fois opposés sur le projet de LGV Lyon-Turin, après divers désaccords comme sur la fiscalité.
Invité à s’exprimer dans le cadre du débat sur la motion de défiance, Giuseppe Conte avait le choix entre tenter d’y faire face ou démissionner : il a choisi la seconde voie, estimant que le leader du parti d’extrême droite «poursuivait des intérêts personnels et partisans (…). Sa décision pose un risque grave pour ce pays», risquant d’empêcher l’adoption du budget dans les temps cet automne.
Un gouvernement de technocrates est pressenti
Matteo Salvini, qui compte sur une forte popularité, demande l’organisation d'élections anticipées dans l’espoir de l’emporter (avec le soutien de Forza Italia et Fratelli d’Italia). Le président de la République Sergio Mattarella recevra aujoud’hui les chefs de partis pour chercher à former une nouvelle coalition, mais l’alliance du MS5 avec le Parti démocrate (PD) évoquée ces derniers jours est très peu probable. La constitution d’un nouveau gouvernement de technocrates avant de nouvelles élections l’est beaucoup plus. «Seulement, elles se tiendront au mieux en octobre, au pire début 2020», rappelle Samy Chaar, chef économiste de Lombard Odier, ce qui crée de l’incertitude, même pour Matteo Salvini…
Cela dit, les marchés réagissaient plutôt bien hier, les rendements des obligations italiennes à 10 ans baissant même de 6 pb par rapport à la veille à 1,37%. «Pour les investisseurs, l’instabilité politique est la norme en Italie et ce gouvernement n’a pas tenu, comme c’était prévu, poursuit Samy Chaar. Deuxièmement, le discours anti-Europe de Matteo Salvini porte surtout sur les questions d’immigration, pas sur les questions économiques auxquelles ses électeurs dans le Nord du pays sont attachés. A court terme, l’Italie tient à peu près son budget et le risque financier semble limité au regard des autres risques actuels liés à la guerre commerciale et au ralentissement en zone euro qui va amener la banque centrale à soutenir les économies, notamment en rachetant de la dette italienne.»
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