
L'économie allemande accuse déjà sa pire contraction depuis 2009

L'économie allemande s’est contractée de -2,2% au premier trimestre, sa pire performance depuis le premier trimestre 2009 (-4,7% à l’époque) et la crise financière mondiale, en raison de la fermeture des entreprises - pourtant moins stricte qu’ailleurs - décidée pour freiner l'épidémie de coronavirus, montre la première estimation officielle du PIB publiée vendredi.
Par rapport aux trois premiers mois de 2019, le PIB de la première économie d’Europe s’est contracté de 2,3%, après une croissance de 0,4% sur octobre-décembre, selon les données corrigées des variations saisonnières (CVS) de Destatis.
L’institut fédéral de la statistique note que les dépenses de consommation des ménages ont fortement baissé au 1er trimestre 2020, de même que l’investissement en équipements, mais aussi que les dépenses des administrations publiques et investissements dans la construction ont eu un effet stabilisateur, qui empêche une baisse plus importante du PIB. Et que les exportations comme les importations ont connu une forte baisse au quatrième trimestre 2019.
Cette mauvaise performance économique du premier trimestre 2020 a concerné environ 45 millions de salariés en Allemagne, et n’avait donc eu aucun impact sur l’emploi au 31 mars (en hausse de +0,3% par rapport à l’année précédente), «notamment parce que les travailleurs à temps partiel sont comptés comme personnes en emploi», précise le communiqué.
L’organisme fédéral a en outre enregistré de légers changements sur les résultats précédents du PIB, avec une baisse corrigée des prix, des variations saisonnières et du calendrier de -0,1% au quatrième trimestre par rapport au trimestre précédent, au lieu 0,0% aux premières estimations. Encore un peu, et l’Allemagne entrait donc en récession technique dès le 31 mars…
L’institut européen Eurostat a du coup fait état d’une baisse de -3,8% du PIB pour de la zone euro de janvier-mars par rapport à octobre-décembre, et de -3,2% sur un an, conformément aux attentes. Il s’agit de la plus forte contraction d’un trimestre sur l’autre enregistrée depuis le début de la série statistique en 1995, et de la plus forte en rythme annuel depuis le troisième trimestre 2009, durant lequel elle avait atteint -4,5%. Pour l’Union européenne, les baisses de PIB ressortent à -3,3% et -2,6%.
C’est en France que la baisse du PIB a été la plus marquée, atteignant -5,8% contre -5,4% en Slovaquie et -5,2% en Espagne et -4,7% en Italie. La Finlande est le seul pays de la région à afficher - de justesse - une hausse de son PIB, de +0,1%. Eurostat précise que les exportations de la zone euro ont chuté de -6,2% en mars par rapport au même mois de l’an dernier, alors que les importations diminuaient de -10,1%. L’emploi a parallèlement baissé de -0,2% d’un trimestre sur l’autre, son premier recul depuis 2013.
Selon une enquête de Reuters auprès des économistes, les Etats de la zone euro ayant du mal à coordonner une réponse budgétaire à cette crise, la Banque centrale européenne (BCE) devrait amplifier son soutien à l’occasion de sa réunion du 4 juin en augmentant de 375 milliards d’euros le montant de son Programme d’achats d’urgence pandémique (PEPP) lancé en mars, doté initialement de 750 milliards.
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