
L’Europe s’attaque à l’épineux dossier du fonds de relance

La réunion des ministres des Finances prévue ce vendredi va se pencher sur l’après-crise avec la mise sur pied d’un fonds de relance économique européen. Le 23 avril, les dirigeants des 27 avaient donné un accord de principe à sa création, laissant à la Commission européenne (CE) le soin d’en dessiner les contours.
Alors que l’exécutif européen tarde à présenter sa proposition, l’Eurogroupe tentera de dégager une vision commune de ce fonds. Les ministres discuteront du fondement juridique, du mode de financement, de la part de prêts et de subventions ainsi que de la taille de l’enveloppe - autant de points sur lesquels les Etats du Nord et du Sud ont des visions diamétralement opposées.
La France plaide pour un fonds alimenté par de la dette commune, doté d’au moins 1.000 milliards d’euros, délivrant une majorité de financement direct perçus par les Etats, en fonction des dégâts que leur a causés la crise et remboursés en fonction de leur participation au PIB européen.
L’Allemagne voudrait un fonds plus faiblement doté, alimenté principalement par une augmentation des contributions au budget européen et distribuant majoritairement des prêts. Paris et Berlin sont en contact depuis plusieurs semaines pour avancer de façon bilatérale.
«La base de tout compromis est un accord entre la France et l’Allemagne», estime Bruno Le Maire. Pour le ministre français de l’Economie, le fonds est «le seul moyen d’éviter l’accroissement des divergences économiquesentre les pays». L’Allemagne a mis sur la table 52% des plus de 1.900 milliards d’aides d’Etat autorisées par la CE. La France (17%) et l’Italie (16%) suivent loin derrière.
Les ministres des Finances devraient aussi s’entendre définitivement sur les trois premiers «filets de sécurité». Hier, les ambassadeurs des Etats-membres ont abouti à un accord de principe sur l’outil de refinancement des mesures de chômage partiel baptisé « SURE » (100 milliards d’euros). Les ambassadeurs devraient trouver un accord global en amont de l’Eurogroupe. La France utilisera le mécanisme européen pour refinancer ses mesures de chômage partiel.
Reposant sur des garanties d’Etat, SURE et le programme de soutien des PME (200 milliards) de la Banque européenne d’investissement devront toutefois être agréés par les parlements des 27 avant d’être opérationnels. Ces procédures, ralenties par la pandémie, pourraient se terminer seulement fin juin.
Les lignes de crédit du Mécanisme européen de stabilité (MES) devraient quant à elles être opérationnelles dès demain. Aucun Etat n’envisage d’en faire usage, pour le moment.
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