
L'élection de Donald Trump fait bondir les actions et les taux américains

Le suspens prédit n’aura pas eu lieu. Donald Trump a été élu 47e président des Etats-Unis au cours d’un scrutin dont les résultats auront finalement été à sens unique.
Le camp républicain a également remporté la majorité au Sénat et pourrait gagner la Chambre des représentants même si le résultat risque d’être serré et ne devrait pas être connu avant plusieurs heures voire jours.
La victoire de Donald Trump n’a pas laissé les marchés financiers de marbre. Taux, dollar, bitcoin et actions réagissaient sensiblement mercredi matin.
A Tokyo, le Nikkei a clôturé en hausse de 2,16%. A l’inverse, les Bourses chinoises ont terminé dans le rouge.
Les actions américaines à la fête
Aux Etats-Unis, le S&P 500 avançait de 1,8%, le Nasdaq grimpait de 2% et l’indice Russell 2000 des petites et moyennes capitalisations bondissait de 4,9% peu après l’ouverture de Wall Street. Les baisses d’impôts promises par Donald Trump sont de nature à bénéficier particulièrement aux petites entreprises américaines alors que l’ensemble de ses mesures visant à soutenir l’économie par des baisses d’impôts devrait profiter aux marchés actions en général.
«Une victoire de Trump profiterait aux petites et moyennes capitalisations et aux secteurs plus sensibles à la réglementation, tels que l'énergie, l'électricité, l’industrie et les services financiers», relevait dans une note publiée en octobre dernier Joseph V. Amato, responsable de la gestion actions chez Neuberger Berman.
En Europe, la réaction des marchés actions était plus incertaine ce 6 novembre. Après une ouverture timide suivie d’un rebond dans la matinée, l’Euro Stoxx 50, le CAC 40, le Dax allemand et le FTSE 100 britannique ont basculé dans le rouge en fin de séance alors que la politique commerciale de Donald Trump pourrait affecter l’économie européenne.
«Le marché s’est rapidement ajusté au scénario d’une vague rouge», relève Claudia Panseri, responsable des investissements chez UBS France, qui permettrait à Donald Trump de compter non seulement sur le Sénat, que les républicains ont remporté, mais aussi sur la Chambre des représentants.
«Le contrôle républicain de la Chambre des représentants serait probablement positif pour le marché boursier compte tenu des chances plus élevées de réduction de l’impôt sur les sociétés», souligne Thomas Mathews, responsable marchés Asie-Pacifique chez Capital Economics, qui se veut néanmoins prudent. Il rappelle que Wall Street avait également fortement rebondi après l’élection de 2016, le discours de victoire conciliant de Trump ayant convaincu les investisseurs qu’il se concentrerait davantage sur les réductions d’impôts que sur les tarifs douaniers et la renégociation des accords commerciaux. «Mais lorsque la guerre commerciale a commencé en 2018, le marché s’est heurté à un obstacle, même si celui-ci a été de courte durée», alerte ce spécialiste.
Le taux américain à 10 ans au plus haut depuis juillet
Sur le marché de taux, les rendements des bons du Trésor américains bondissent sur la partie moyen-long terme. Vers 16h20, celui de l’emprunt à 10 ans avançait de 19 points de base (pb), à un plus haut depuis début juillet, à 4,46%. Il avait atteint 4,48% plus tôt dans la séance en Asie lorsque la probabilité d’une victoire de Donald Trump se précisait. Le rendement du Treasury à 5 ans progresse de 12 pb, à 4,3%. Celui à 2 ans avance de 8 pb, à 4,29%. Après l’annonce d’un indice ISM des services solide mardi, les rendements américains avaient effacé une partie du resserrement des jours précédents alors que le scénario d’une élection serrée se précisait au cours du week-end.
Sur le marché des swaps, la probabilité que la Fed réduise à nouveau le taux des Fed funds lors de sa réunion de décembre de 25 pb, après la baisse de même ampleur largement anticipée ce jeudi 7 novembre, a légèrement diminué de 80% à 66%. Celle du statu quo a augmenté à 33%. Le programme du candidat républicain, jugé inflationniste par les économistes en raison de la hausse envisagée des tarifs douaniers mais aussi du stimulus fiscal, devrait entraîner une hausse des taux longs et pourrait inciter la Fed à plus de prudence. «Il faut considérer que si le Congrès est divisé, la politique tarifaire deviendra la priorité [de Donald Trump], car il ne pourra pas faire passer sa politique fiscale sans négociations», assure Jim Reid, stratégiste chez Deutsche Bank.
«Il y a comme un léger parfum de ‘bond vigilantes’ dans la hausse plus marquée des rendements sur la partie longue de la courbe des bons du Trésor, reflétant des primes de terme probablement plus élevées», relève Thomas Mathews. De fait, un contrôle républicain de la Chambre des représentants augmenterait les chances d’un plan de relance plus important, et les risques budgétaires sont clairement plus élevés qu’ils ne l’étaient pendant le mandat précédent de Donald Trump, compte tenu de la hausse des rendements et de la détérioration des perspectives budgétaires dans l’intervalle.
En Europe, à l’inverse, les rendements des emprunts d’Etat de la zone euro se resserrent. «Le marché prend conscience des implications des probables politiques tarifaires de Donald Trump», souligne Jim Reid. Les économistes de Goldman Sachs ont estimé que cela pourrait avoir un impact de 1 point de croissance pour la zone euro. Cela pourrait avoir des conséquences sur la politique monétaire. «Les chances de voir la Banque centrale européenne obligée d’agir plus rapidement vont augmenter», explique le stratégiste de DB. Le rendement du Bund à 10 ans se détend de 2 pb après avoir perdu jusqu'à 6 pb dans la matinée. Celui de l’OAT de même maturité est stable, à 3,17%.
Le dollar en hausse
Un autre «Trump trade», concernant le dollar, est également en vogue après la victoire du candidat républicain. Le dollar bondit de 1,5% face à aux principales devises (indice dollar DXY). Il progresse également face à l’euro et à la livre sterling autour de 1,5%. A l’inverse, des devises susceptibles d’être affectées par cette victoire dévissent à l’instar du peso mexicain, la plus liquide et la plus sensible parmi les devises émergentes. La monnaie mexicaine a perdu 2,3%, à un plus bas depuis début 2022.
En revanche, les positions prises pour se protéger d’un résultat serré ou contesté s’ajustent. L’or cède 2%, à 2,670 dollars l’once, tandis que l’argent baisse de 4%, à 31,4 dollars. La volatilité, qui avait bondi ces derniers jours, chute également. L’indice Vix, de volatilité implicite à un mois de l’indice S&P 500 baisse de plus de 20%, à 16, contre 22 mardi avant l’annonce des résultats.
Plus d'articles du même thème
-
Le Jour de la Libération rebat les cartes
Retrouvez comme chaque semaine le coup d’œil de DeftHedge sur le marché des changes. -
La chute se poursuit sur des marchés paniqués par la guerre commerciale
Les Bourses européennes ont ouvert dans le rouge vif lundi après le plongeon des marchés asiatiques. Les taux continuent également à reculer. -
Les cours de Bourse des gestionnaires d'actifs ne sont pas épargnés par la bataille des tarifs douaniers
L'Agefi a calculé et compilé les variations de cours enregistrées par les gestionnaires d'actifs cotés en Bourse sur les séances du 3 et 4 avril 2025 après les annonces américaines sur les droits de douane.
ETF à la Une
- La Banque Postale débarque le patron de sa banque privée
- A la Société Générale, Slawomir Krupa se prépare à la taylorisation des banques
- La Société Générale prend le risque d'une grève en France fin mars
- Une nouvelle restructuration à la Société Générale ne plairait pas aux investisseurs
- Le CCF a perdu une centaine de millions d’euros l’an dernier
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions