
Paris a les cartes en main pour verdir la finance

Nous sommes aux prémices d’une révolution, d’un changement profond de ce que la finance va être», a confié à L’Agefi Alexandre Holroyd, le député LREM des Français établis en Europe du Nord, qui remettait hier un rapport de 144 pages intitulé «choisir une finance verte au service de l’Accord de Paris», au ministre de l'Économie, des Finances et de la Relance Bruno Le Maire et à la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili.
Missionné en décembre par le Premier Ministre, le député a réalisé plus de 150 auditions et visité plusieurs capitales vertes, telles que Stockholm ou Amsterdam. «La France est un des pays qui a été à l’avant-garde de ce mouvement. Ce n’est pas parce qu’on a été en avance sur le sujet, qu’on doit se reposer sur nos lauriers. Certains gros acteurs se sont mobilisés plus tardivement mais mettent les bouchées doubles», explique le député faisant par exemple référence aux annonces du géant BlackRock ou de Goldman Sachs.
Parmi les 24 recommandations du rapport figure notamment celle de mieux mobiliser l'épargne des Français pour financer la transition écologique. «Il faut faire évoluer les produits d’épargne existants. Il faut les amender pour que chaque produit d’épargne et d’assurance vie alimentent la transition écologique», suggère le député. Le document propose deux pistes : soit fusionner le Livret A et le Livret de développement durable et solidaire (LDDS) en adaptant les plafonds pour accroître la lisibilité du marché de l’épargne, soit scinder les deux livrets pour préserver l’option offerte à l’épargnant de choisir un produit - le LDDS - pour participer au financement de la transition écologique.
Créer un nouveau label
Par ailleurs, si la loi Pacte a renforcé l’offre verte dans les contrats d’assurance-vie, le député LREM considère qu’il faut «aller plus loin en introduisant des trajectoires croissantes qui sont indexées sur des outils et qui peuvent être fixées en offrant de la visibilité aux acteurs de marché». Selon ce dernier, il faut créer des outils de transition pour canaliser l’utilisation des encours de l’épargne. «S’il y a une volonté politique forte, on pourrait introduire des trajectoires minimales d’orientation de l’épargne d’ici un an», espère-t-il.
De surcroît, si la France a déjà développé certains labels (ISR, Green Fin), le rapport suggère de créer un nouveau label baptisé «Transition» à destination des fonds d’investissement. «Nous ne disposons pas d’outils financiers qui permettent de qualifier la transition de nos industries existantes», regrette le député. «En ce qui concerne les produits de dette qui sont indexés à des performances environnementales, il faudrait disposer d’outils de résultats, c’est-à-dire des outils qui permettent de financer la transition et pas seulement des objectifs sociaux», précise-t-il.
Le rapport propose également de créer l’institut «ChooseParis», chargé de réfléchir à une stratégie collective en matière de finance durable, qui serait co-présidé par les ministres de l’Économie et des Finances et de la Transition écologique et solidaire. Le rapport recommande par exemple de développer un système d’accréditation de green fintech sous l’égide de cet institut, qui permettrait d’envoyer un signal de qualité aux investisseurs.
Ce rapport permettra-t-il aux banques françaises de verdir leur politique ? «Le défi pour les acteurs financiers n’est pas tant le développement de nouveaux outils mais la capacité à collectivement choisir ceux qu’ils utiliseront à l’avenir», conclut le député.
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