
Les banques françaises restent en pointe dans le financement du charbon

Derrière leurs engagements verts, plusieurs banques européennes restent très impliquées auprès des industries polluantes. UniCredit, BNP Paribas, Barclays et la Société Générale sont, dans l’ordre décroissant, les principales banques prêteuses du secteur du charbon en Europe, montre un rapport publié hier par l’ONG berlinoise Europe Beyond Coal, affiliée au Climate Action Network. Du côté des investisseurs, le fonds souverain norvégien et le Crédit Agricole, via sa filiale de gestion d’actifs Amundi, sont les plus exposés à cette industrie fortement émettrice de gaz à effet de serre, pointe aussi la dernière version de l’étude Fool’s Gold – The financial institutions risking our renewable energy future with coal.
Les quatre banques pointées du doigt ont accordé 7,9 milliards d’euros de financements aux huit premiers producteurs de charbon depuis octobre 2018, date de publication du rapport du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) «sur les conséquences d’un réchauffement planétaire de 1,5°C». BNP Paribas a débloqué 2,1 milliards d’euros de crédits et la Société Générale 1,3 milliard. Chez BNP Paribas, «l’ensemble de ces financements a été accordé avant l’adoption de notre nouvelle politique en juillet 2020, et ils concernent en grande majorité des prêts ‘general purpose’ (d’usage général, NDLR) à des compagnies d’électricité dont la part de charbon est déjà faible et en cours de réduction significative, réagit une porte-parole de la banque française. Sont également comptabilisées dans ces financements des transactions spécifiquement orientées vers la transition énergétique.»
Promesses insuffissantes
Les deux banques ont récemment amplifié leurs engagements climatiques, qui visent à arrêter le financement du charbon, d’ici à 2030, dans tous les pays de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques). Mais Europe Beyond Coal juge ces promesses insuffisantes. BNP Paribas «ne demande pas formellement à ses clients la fermeture de leurs actifs charbon, ce qui peut les amener à les vendre à la place», regrette l’ONG. Celle-ci estime toutefois que la banque pourrait exclure de son portefeuille, dès cette année, les producteurs européens CEZ, Fortum/Uniper, EPH et PGE, puis RWE et Enel, s’ils ne prennent pas des mesures fortes. Quant à la Société Générale, elle va continuer à financer la transition énergétique «quelle que soit l’exposition au charbon» de son client, critique le rapport. «Les nouveaux engagements de la banque seront présentés en détail dans la nouvelle politique sectorielle publiée courant juillet», précise un porte-parole.
Plus d'articles du même thème
-
Le monde devient inassurable et le capitalisme va s'effondrer, alerte un dirigeant d'Allianz
Dans un post LinkedIn, Günther Thallinger, membre du comité de direction d'Allianz, s'alarme du réchauffement climatique rendant inopérant l'assurance, base du système financier. -
Harvest commence à sortir du bois après sa cyber-attaque
Sonia Fendler, directrice générale adjointe chez Harvest, est intervenue à la Convention annuelle de l’Anacofi, quelques jours après s'être exprimée lors d'une réunion organisée par la CNCGP. Elle a donné des premiers éléments d’explications sur l’origine de la fuite de données et confirmé que la période d’indisponibilité des services ne sera pas facturée. -
La loi de finances 2025 a laissé aux banques un sentiment aigre-doux
Par souci de justice fiscale, la loi de Finances 2025 a apporté un certain nombre de modifications dont plusieurs touchent les banques de façon directe ou indirecte. Certaines dispositions ne sont pas à l’avantage du secteur bancaire mais d’autres sont plutôt bénéfiques. Zoom sur deux exemples concrets.
ETF à la Une
- La Banque Postale débarque le patron de sa banque privée
- A la Société Générale, Slawomir Krupa se prépare à la taylorisation des banques
- La Société Générale prend le risque d'une grève en France fin mars
- Une nouvelle restructuration à la Société Générale ne plairait pas aux investisseurs
- Le CCF a perdu une centaine de millions d’euros l’an dernier
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions