
Barclays doit s’expliquer sur sa politique climatique

ShareAction veut faire un coup d’éclat. Grâce à la coordination de l’ONGlondonienne, un groupe d’actionnaires a déposé une résolution intimant à la banque britannique d’arrêter de financer les énergies fossiles. Le texte signé par onze investisseurs institutionnels (fonds de pension, gestionnaires d’actifs, églises) et une centaine d’actionnaires individuels sera soumis au vote en mai, lors de l’assemblée générale du groupe. A moins que Barclays dévoile d’ici là une politique climatique qui réponde à leurs attentes. C’est la première fois qu’une banque européenne fait l’objet d’une telle initiative. «Nous coopérons à la lutte contre le changement climatique et nous rencontrons régulièrement ShareAction et d’autres actionnaires pour les mettre au courant de nos progrès», a réagi un porte-parole de l’établissement.
Le coup de projecteur mis sur Barclays ne doit rien au hasard. Le groupe est le premier financeur européen des énergies fossiles (pétrole, gaz et charbon), selon ShareAction. Depuis la signature fin 2015 de l’Accord de Paris, qui prévoit de limiter la hausse des températures à «bien moins de 2°C» d’ici à 2100, Barclays a contribué à hauteur de 85 milliards de dollars au financement des «sociétés actives à travers le cycle des énergies fossiles», ce qui la place au sixième rang mondial derrière cinq banques nord-américaines, d’après l’étude Banking on Climate Change 2019 réalisée par plusieurs ONG. La britannique HSBC est la deuxième banque européenne du classement, à la 13e position. Les françaises BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole et BPCE/Natixis arrivent en 18e, 23e, 24e et 28e position.
Alors que banques et assureurs multiplient les effets d’annonce sur le verdissement de leur activité, Barclays s’est déjà engagée à arrêter d’accorder ou d’arranger des crédits aux nouvelles mines et centrales à charbon, mais reste très impliquée dans les «sables bitumineux», «le gaz et le pétrole en Arctique» et auprès d’«entreprises très dépendantes du charbon», déplore ShareAction.
Avant son départ pour l’ONU, comme envoyé spécial sur le climat, le gouverneur de la Banque d’Angleterre (BoE) Mark Carney, vient d’ailleurs de regretter que le secteur financier soit trop lent à sortir des énergies polluantes. La BoE va faire passer cette année des premiers tests de résistance climatique aux principaux organismes financiers du Royaume-Uni. Une idée reprise le mois dernier par la Banque de France et l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution.
Plus d'articles du même thème
-
Le monde devient inassurable et le capitalisme va s'effondrer, alerte un dirigeant d'Allianz
Dans un post LinkedIn, Günther Thallinger, membre du comité de direction d'Allianz, s'alarme du réchauffement climatique rendant inopérant l'assurance, base du système financier. -
Harvest commence à sortir du bois après sa cyber-attaque
Sonia Fendler, directrice générale adjointe chez Harvest, est intervenue à la Convention annuelle de l’Anacofi, quelques jours après s'être exprimée lors d'une réunion organisée par la CNCGP. Elle a donné des premiers éléments d’explications sur l’origine de la fuite de données et confirmé que la période d’indisponibilité des services ne sera pas facturée. -
La loi de finances 2025 a laissé aux banques un sentiment aigre-doux
Par souci de justice fiscale, la loi de Finances 2025 a apporté un certain nombre de modifications dont plusieurs touchent les banques de façon directe ou indirecte. Certaines dispositions ne sont pas à l’avantage du secteur bancaire mais d’autres sont plutôt bénéfiques. Zoom sur deux exemples concrets.
ETF à la Une
- La Banque Postale débarque le patron de sa banque privée
- A la Société Générale, Slawomir Krupa se prépare à la taylorisation des banques
- La Société Générale prend le risque d'une grève en France fin mars
- Une nouvelle restructuration à la Société Générale ne plairait pas aux investisseurs
- Le CCF a perdu une centaine de millions d’euros l’an dernier
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions