
Les marchés sanctionnent les banques qui maîtrisent mal leurs coûts

Le trimestre écoulé des banques américaines a beau avoir agréablement surpris à première vue, les mois qui viennent semblent moins dégagés. La capacité de ces groupes à gérer leurs coûts est devenue un critère déterminant pour leurs actionnaires. Or toutes n’ont pas montré cette vertu. C’est une des raisons pour lesquelles les réactions boursières ont été très variables à la suite de la publication des résultats, même si ceux-ci ont été, pour la plupart des banques, tirés par d’importantes reprises sur provisions.
JPMorganen a fait les frais mercredi. Malgré un bénéfice net trimestriel en hausse de 24% sur un an, à 11,7 milliards de dollars (10 milliards d’euros), le cours de son action s’est replié de 1,5% dans les séances qui ont suivi. Certes, les chiffres ont surpassé les attentes des analystes, mais ils prennent en compte des reprises sur provision de 2,1 milliards de dollars grâce au redressement de l’économie. C’est sur sa capacité à maintenir des revenus élevés que la banque a été jugée. Or, sur ce point, ses dirigeants n’ont pas réussi à rassurer.
Même si Jeremy Barnum, le directeur financier de la banque a déclaré qu’il était encore un peu tôt pour faire des prévisions, il a tout de même admis que « de façon réaliste, les dépenses vont augmenter l’année prochaine ». Si certaines charges sont liées à la rémunération de la performance des activités de marché, Jeremy Barnum a reconnu que l’inflation des salaires constituait « un élément de surveillance ». Sans compter que JPMorgan est toujours en phase d’investissement pour ne pas se laisser distancer par la concurrence sur le plan technologique.
Cet avertissement a refroidi les investisseurs. Pour Citi, qui a publié ses résultats ce jeudi, la sanction a été moins marquée, mais la performance boursière du titre ne reflète pas la progression de ses bénéfices. La banque a affiché un bénéfice ce trimestre en hausse de 48% à 4,6 milliards de dollars. Comme pour JPMorgan, une partie de ce résultat provient de reprises sur provisions. Les activités de conseil et de banque d’investissement ont aussi porté le groupe. Pourtant, le jour de la publication de ses résultats, l’action de la banque, après avoir ouvert en hausse, est revenue à l’équilibre. Le poste des dépenses, en hausse de 5% sur un an pour des revenus opérationnels stables sur la période, n’a pas aidé à soutenir le titre.
Efforts récompensés
Pour Bank of America, la situation est différente. Non seulement la société a publié jeudi un bénéfice en hausse de 58% ce trimestre, à 7,7 milliards de dollars, mais elle a aussi répondu aux inquiétudes du marché sur sa faculté à être plus profitable. Sur ce point, sur lequel elle était très attendue, les progrès ont été notables. La banque affiche en effet un ratio de coûts sur revenus (efficiency ratio, comparable au coefficient d’exploitation en France) de 63%, bien meilleur que les 70% constatés depuis plusieurs trimestres. L’action Bank of America a progressé de plus de 2,5% lors de la publication de ses résultats.
Même tendance chez Morgan Stanley, qui publiait aussi ses chiffres jeudi, dont le cours de Bourse progressait en séance de plus de 2%. La banque a présenté un bénéfice meilleur qu’attendu, en hausse de 36% à 3,71 milliards de dollars. Ce résultat n’est pas le fruit de reprises sur provisions – l’activité de la banque ne l’obligeant pas à en passer autant que JPMorgan ou Bank of America, par exemple. Le groupe a affiché un ratio de coûts sur revenus meilleur qu’un an plus tôt, à 67%, contre 69% au troisième trimestre 2020.
Dans les prochaines semaines, les banques européennes publieront à leur tour leurs résultats. Elles aussi profiteront sans aucun doute de reprises sur provisions grâce à la baisse du coût du risque. Mais, comme pour les banques américaines, le résultat global ne sera pas le seul critère observé par les investisseurs. La maîtrise des coûts en sera un aussi.
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