Le bal des assureurs dans les prêts participatifs est lancé

Après les 1,5 milliard d’euros promis par Axa, les autres assureurs interrogés par L’Agefi s’engagent dans un premier temps sur un montant total avoisinant les 4 milliards d’euros.
Bertrand De Meyer
Axa assurances
Axa s’est engagé sur une contribution comprise entre 1,5 milliard et 2 milliards d’euros.  -  AdobeStock

C’est parti. Après plusieurs mois à attendre l’accord de Bruxelles et à construire le schéma des prêts participatifs, les assureurs ont lancé les hostilités. Axa a dégainé le premier, Thomas Buberl, son directeur général, promettant vendredi matin une contribution comprise entre 1,5 milliard et 2 milliards d’euros. Une enveloppe proche de celle de CNP Assurances qui participera à hauteur de 1,5 milliard d’euros au dispositif. Viennent ensuite BNP Paribas Cardif, qui précise vouloir consacrer un milliard d’euros au prêts participatifs, et Société Générale Assurances, dont l’investissement sera de l’ordre de 800 millions d’euros. Enfin, AG2R La Mondiale explique plancher sur une enveloppe comprise à ce stade entre 100 millions et 200 millions d’euros, en fonction de l’appétit des émetteurs et de la finalisation du cadre conceptuel. Au total, ce sont presque 5,5 milliards d’euros que les assureurs interrogés par L’Agefi sont déjà prêts à mettre sur la table pour les prêts participatifs (sur un total de 14 milliards prévu par Bercy).

Des garde-fous contre les limites du dispositif

Ces annonces traduisent l’avancée des discussions concernant les critiques émises par les assureurs sur le dispositif. Très vite, Laurent Dunet, directeur général adjoint de Société Générale Assurances avait conditionné la réussite des prêts participatifs au «monitoring du risque et fonds propres nécessaires». Groupama, qui n’a pas souhaité faire de commentaire sur l’enveloppe consacrée, comme Generali, fustigeait l’asymétrie d’information entre les bancassureurs, qui seront originateurs des fonds et distributeurs des prêts, et les assureurs. Au début du mois de mars, Florence Lustman, la présidente de la Fédération française de l’assurance, conditionnait ainsi la réussite de ces outils à trois points : la sélection, la gouvernance et la gestion prudentielle.

Il semblerait que les discussions menées récemment aient atteint leurs objectifs. «Il est prématuré de parler de finalisation du cadre conceptuel. Pour autant, les garde-fous ont été discutés en matière de taux de rendement, d’alignement d’intérêt avec les banques et de mesure du lien entre risque et rendement. Ces limites de risque intègrent des paramètres tels que les secteurs d’activité, les notations, de l’appréciation des risques pour une entreprise. Il ne s’agit en aucun cas de remplacer les PGE mais d’apporter un soutien aux fonds propres des PME et ETI, dans une approche de diversification et de maîtrise des risques», explique David Simon, membre du comité de direction groupe d’AG2R La Mondiale en charge des investissements, des finances et des risques.

Un investissement intéressant mais sans traitement préférentiel

Surtout, il s’agit d’un investissement attractif pour les assureurs. «Le produit sera très probablement de type investment grade. Le rendement est attractif mais il implique une illiquidité totale sur huit ans», indiquait ainsi Olivier Guigné. Le rendement net doit atteindre 2% alors que les assureurs profiteront de la garantie de l’Etat à hauteur de 30%. «Nous ferons confiance aux banques pour jouer leur rôle, comme les assureurs jouent le leur. Nous ne sommes toutefois pas destinés à récupérer ce que les banquiers ne voudraient pas en matière de financement. Les assureurs ne doivent pas systématiquement être à la remorque des banquiers, mais doivent être complémentaires, au service du financement de l’économie», prévient David Simon.

Pour autant, ces investissements ne jouiront pas de traitement préférentiel de la part de l’organe de surveillance des assureurs français (ACPR). Dans un document envoyé en début de semaine aux assureurs, ce dernier rappelle le cadre de Solvabilité 2 qui régira l’approche prudentielle des prêts participatifs. Il écrit par exemple que «les titres devront être traités d’une façon identique aux prêts et obligations classiques» en ce qui concerne le calcul du capital de solvabilité requis.

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Bercy planche sur un montant total de 14 milliards d\u2019euros de pr\u00eats participatifs disponibles jusqu\u2019au 30 juin 2022. Les banques doivent sourcer les pr\u00eats et en garder 10% dans leurs bilans. Les 90% restants doivent \u00eatre transf\u00e9r\u00e9s \u00e0 un fonds (Euro Titrisation<\/a>), qui se chargera de collecter les sommes aupr\u00e8s des compagnies d\u2019assurance-vie, des fonds d\u2019\u00e9pargne salariale ou des fonds d\u2019\u00e9pargne retraite. Par ailleurs, Euro Titrisation va travailler avec quatre g\u00e9rants des bancassureurs pour les poches dites \u00abnon granulaires\u00bb qui re\u00e7oivent les pr\u00eats de petites tailles et avec six autres g\u00e9rants pour les pr\u00eats accord\u00e9s aux ETI dites poches \u00abnon granulaires\u00bb. Apr\u00e8s appel d\u2019offres, Amundi, Aviva Investors France, BNP Paribas AM, Eiffel IG, Tikehau, Capza ont \u00e9t\u00e9 s\u00e9lectionn\u00e9s. Amundi et BNP AM seront g\u00e9rants des deux poches.<\/p>\n»,"format":"light_html"}}

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