
La Maif tient à son indépendance

Le monde mutualiste est le théâtre de nombreux rapprochements ces derniers temps, mais la Maifne compte pas se joindre au mouvement. «Dans les conditions actuelles, tout pousse à ce que la Maif soit indépendante et vue comme telle», a déclaré hier Pascal Demurger, son directeur général, invité par l’Association nationale des journalistes de l’assurance. «Aujourd’hui, les menaces les plus fortes sont largement liées au digital, avec l’évolution de la concurrence et le besoin de transformer rapidement nos modèles. Dans ce contexte, la plus grande qualité d’une entreprise est sa capacité d’innovation, […] sa vitesse d’adaptation et de transformation. Je ne pense pas que cette vitesse soit augmentée par la taille… je pense évidemment le contraire».
En outre, même si elle se digitalise et élargit son offre, la mutuelle ne pourra pas surpasser les géants de l’internet sur leur propre terrain (expérience utilisateur, collecte et analyse de données…). La Maif souhaite donc «cultiver la singularité de sa marque», a remarqué Pascal Demurger.
L’aventure Sferen soldée sans regrets en 2014
Pour le dirigeant arrivé en 2002 dans la société, avant d’en prendre la tête en 2009, «la recherche de taille est une stratégie qui faisait sens par le passé, mais aujourd’hui elle ne me semble pas la plus adaptée au contexte». En 2009, les trois mutuelles Maif, Macif et Matmut avaient créé la société de groupe d’assurance mutuelle (Sgam) Sferen afin d’unir leurs forces dans un pôle mutualiste. Mais la gouvernance opérationnelle bancale et les différences de solvabilité entre les acteurs - la Maif avait des fonds propres plus importants - ont poussé cette dernière à quitter le bateau en 2014. «C’est précisément au moment où Sferen est allé vers plus d’intégration, avec une stratégie commune et une solidarité financière, que nous nous sommes retirés, rappelle Pascal Demurger. Ce n’est pas un hasard.»
Il y a une semaine, la Matmut et AG2R La Mondiale ont annoncé leur désir de se rapprocher, une opération qui permettra aux deux entreprises complémentaires de se diversifier. Un but louable, reconnaît Pascal Demurger, rappelant toutefois l’option du «partenariat sans aller jusqu’au rapprochement». La Maif est justement partenaire de longue date de la mutuelle générale de l'éducation nationale (MGEN), qui s’est associée en septembre dernier à Istya et Harmonie mutuelle pour former Vyv, le premier groupe de protection sociale mutualiste. Pascal Demurger voit cette intégration «beaucoup plus comme une opportunité que comme une menace».
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