
La guerre en Ukraine fragilise les plans de rachats d’actions des banques

Les questions qui fâchent commencent à se poser, pour l’instant à bas bruit. En publiant le détail de ses expositions à la Russie le 8 mars au soir, UniCredit a précisé que même dans le pire des scénarios, elle assurerait le versement de son dividende de 1,2 milliard d’euros. La banque italienne a aussi confirmé son intention de mettre en place son plan de rachat d’actions de 2,58 milliards, mais sous réserve que son ratio de fonds propres durs CET1, à 15% fin 2021, ne tombe pas sous les 13%. Cette déclaration n’a pas effrayé ses actionnaires, la banque considérant que cette limite basse ne devrait pas être atteinte. Mais cette réserve a ouvert la boîte de Pandore. Et si les banques ayant annoncé de larges plans de distribution ne pouvaient finalement pas totalement les honorer ?
Les analystes de JPMorgan ont disséqué les annonces faites par les banques européennes. Raiffeisen mis à part, puisque qu’elle a d’ores et déjà annoncé l’annulation du versement de son dividende, le courtier considère que les dividendes en cash devraient être versés normalement. En revanche, il anticipe « des risques accrus pour les rachats d’actions des banques européennes ». Le premier risque concerne les banques les plus exposées à la Russie. Dans ce cadre, outre Raiffeisen, UniCredit, OTP Bank, la Société Générale, et ING sont citées.
Mais ce risque direct n’est pas le seul à peser sur les rachats d’actions. Le régulateur bancaire pourrait décider d’adopter une position plus conservatrice, considère le bureau d’analystes. Intesa Sanpaolo, la Société Générale, et Bank of Ireland, par exemple, attendent les approbations réglementaires pour leurs rachats. «Les banques pour lesquelles nous sommes plus prudents sur les rachats d’actions sont Société Générale et Intesa Sanpaolo», note JPMorgan. La Société Générale a prévu de racheter pour 900 millions de ses titres et Intesa Sanpaolo pour 3,4 milliards d’euros.
A l’inverse, plusieurs banques ont d’ores et déjà commencé leurs buybacks. C’est le cas, par exemple de Julius Baer, BBVA, Standard Chartered ou encore UBS. Ces structures sont donc logiquement moins sujettes à risque sur ce point.
A ce stade, les cours de Bourse des valeurs bancaires évoluent d’abord au gré des craintes ou des espoirs géopolitiques. Mais quand l’horizon sera dégagé, et que les banques auront publié leurs provisions pour le premier trimestre, le sujet des rachats d’actions redeviendra prépondérant pour les investisseurs.
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