Patrimoine

Pourquoi l’union des marchés de capitaux patine encore

Pour Olivier Lendrevie, fondateur de MoneySmart, le principal écueil demeure les disparités de fiscalité et régimes de retraite des pays membres de l’Union. Elles entravent toujours le développement du projet 10 ans après son lancement.

En 2014, la Commission européenne donnait le top départ de son projet d’union des marchés de capitaux. Une décennie plus tard, force est de constater qu’il est encore loin d’être abouti. Olivier Lendrevie, fondateur de MoneySmart connait bien le sujet et le fonctionnement des marchés financiers. Il a été directeur général adjoint de la Bred Banque Populaire, président du réseau de courtiers Cafpi et enseigne désormais à HEC.

A lire aussi: Patrimoine Online – Janvier 2025

Le projet était pourtant prometteur. «Un des objectifs intermédiaires était l’harmonisation des règles de fonctionnement des marchés financiers et de distribution des produits financiers. Plusieurs avancées ont été réalisées en la matière et l’on peut dire que l’objectif est atteint», expose-t-il. En revanche, là où le bât blesse, c’est sur l’ambition de créer un marché unique de l’épargne européenne pour «optimiser l’allocation des capitaux au sein de l’UE. Factuellement, on peut dire que c’est loupé», cingle-t-il.

L’idée était de pouvoir utiliser les réserves d’épargne des pays les mieux dotés en la matière (telle que la France) pour soutenir les besoins de financement d’entreprises étrangères, notamment celle en Europe de l’Est. « Le marché de l’épargne européen est toujours une mosaïque de marchés nationaux », enfonce Olivier Lendrevie.

A lire aussi: Les Vingt-Sept fixent un cap à l’Union des marchés de capitaux

Olivier Lendrevie impute ce demi échec à plusieurs facteurs. «Les différences de cultures financières sont très fortes d’un pays à l’autre. Les Hollandais par exemple investissent beaucoup en actions alors que les ménages français se portent fortement sur l’épargne réglementée. Ces habitudes sont profondément ancrées dans les populations, elles ne peuvent pas changer du jour au lendemain», relève-t-il.

Au-delà des us et coutumes, les disparités de régimes fiscaux et de retraite compliquent le rapprochement des marchés. «Des pays comme la France, l’Allemagne, l’Espagne, Italie, ont encore des régimes de retraite par répartition, alors que d’autres comme les Pays-Bas et le Danemark sont passés au modèle par capitalisation. Tant que ce point et la fiscalité ne sont pas harmonisés, unifier les marchés de l’épargne sera impossible», estime Olivier Lendrevie.

Il suspecte également un peu de chauvinisme de la part des dirigeants politiques : «Tout le monde opine du bonnet à l’idée d’harmoniser les marchés, mais dès lors qu’ils se rendent compte que cela implique de laisser filer l’épargne du Livret A pour soutenir des économies étrangères, plutôt que de l’utiliser sur notre territoire, les discours changent… ».

Pour participer à l’émission, vous pouvez contacter la rédaction à redaction_actifs.agefi.fr.

Pour voir ou revoir les précédentes émissions, cliquez ici.

Un évènement L’AGEFI

Plus d'articles du même thème

ETF à la Une

Les plus lus

Contenu de nos partenaires

PARTENARIAT
Par WisdomTree

Investir dans la renaissance de la défense européenne

PARTENARIAT
Par ALTAROC

Comprendre les mécanismes de performance du Private Equity

PARTENARIAT
Par Sienna Investment Managers

« Le FCPR Sienna Private Assets Allocation a été co-construit avec les assureurs »

A lire sur ...