Pékin assomme les valeurs de la tech chinoise

Le retour de bâton des autorités contre les géants du commerce en ligne, Alibaba en tête, fait dévisser le secteur en Bourse.
Alexandre Garabedian
Chine Pékin Empire du Milieu
Le gouvernement chinois veut raffermir son contrôle sur les entreprises de la tech.  -  AdobeStock

Vent de frisson sur les valeurs technologiques chinoises. L’enquête ouverte la semaine dernière par les autorités de Pékin contre les pratiques monopolistiques d’Alibaba fait dévisser l’ensemble du secteur en Bourse. En deux séances, les 24 et 28 décembre, l’empire fondé par Jack Ma a vu son action plonger de 15,5% à Hong Kong. Ses gains de 2020 ont quasiment été effacés. Autres valeurs stars du commerce en ligne en Chine, Tencent et Meituan ont abandonné 9,1% et 9,4% respectivement, les investisseurs voyant aussi une bonne occasion de prendre leurs bénéfices sur des titres qui affichent encore des hausses de 38% et 151% sur l’année.

«Le gouvernement chinois veut raffermir son contrôle sur les entreprises de la tech, déclarait lundi Jackson Wong, responsable de la gestion pour le fonds Amber Hill Capital. Il y a une grosse pression vendeuse sur des entreprises comme Alibaba, Tencent ou Meituan, car ces firmes ont grossi à un rythme jugé trop rapide par Pékin et ont atteint une taille trop grande.»

Un poids grandissant dans les services financiers

Comme en Europe et aux Etats-Unis, où le pouvoir croissant des Gafa a fini par engendrer un retour de bâton, la Chine et le Parti communiste au pouvoir n’entendent pas se laisser déborder par le phénomène. D’autant que le poids pris par les géants du commerce dans les services financiers pose un risque systémique dans le pays. Alibaba et son patron Jack Ma, qui avait osé brocarder publiquement les régulateurs financiers, sont les premiers à en faire les frais. Les autorités ont d’abord imposé in extremis le gel du projet d’introduction en Bourse d’Ant, le bras financier du groupe, en novembre, puis ouvert une enquête formelle jeudi dernier sur les pratiques concurrentielles d’Alibaba, avant de passer la troisième lame dimanche : la banque centrale a demandé à Ant de se recentrer sur son métier d’origine, les paiements, au risque de casser le modèle de croissance de la société.

Jusqu’où ira la reprise en main de Pékin ? «Il est très difficile de prédire le résultat des enquêtes en cours du gouvernement chinois sur Alibaba et les autres plates-formes», estimaient lundi dans une note les analystes du courtier actions Baird. Par le passé, Alibaba ou Tencent ont déjà subi des coups de semonce de la part des autorités, sans que ces actions ne remettent en cause les fondements de leur croissance. Ce ne serait pas la première fois que Pékin souffle le chaud et le froid.

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