Les défis qui attendent l’écosystème crypto pour la fin d’année

Ecologie, résilience de la finance décentralisée, réglementation… Avec la popularisation croissante des cryptomonnaies, l’écosystème crypto se voit confronté au défi de l’institutionnalisation.
Louis Tellier
Les bridges permettent de faire circuler les cryptoactifs entre blockchains / digital numérique fintech Defi
Les failles de sécurité de l’univers des crypto-actifs freinent leur démocratisation et refroidissent les investisseurs.  -  AdobeStock

Tour d’horizon des prochains points d’attention.

La grande mue écologique d’Ethereum

Le grand changement de consensus de la blockchain Ethereum, baptisé The Merge et qui doit faire baisser sa consommation énergétique de plus de 95%, est l’événement le plus attendu de ces prochains mois, pour plusieurs raisons.

D’abord, parce que c’est la première fois qu’une blockchain de cette importance, gérant près de 400 milliards de dollars, change de consensus en plein fonctionnement, c’est donc techniquement un saut dans l’inconnu. La complexité du processus est telle que les différentes équipes de développeurs ont été obligées de repousser à de nombreuses reprises la date de la mise en application de The Merge. La grande mutation d’Ethereum n’a en tout cas jamais été aussi proche et pourrait intervenir dès la mi-septembre.

Ce sera également un grand test pour le consensus à «preuve d’enjeu» (PoS, pour «proof of stake»), qui sera la méthode de validation des blocs après The Merge et qui remplacera celui de la «preuve de travail» (PoW, pour «proof of work»). Dans la nouvelle méthode, ce ne seront plus les mineurs et les cartes graphiques qui sécuriseront le réseau mais des validateurs, et la question sera de savoir s’ils auront assez d’incitations économiques pour valider les blocs et ainsi assurer la sécurité du réseau.

L’équilibre de la régulation

Au niveau mondial, le calendrier a été accéléré par la chute de l’écosystème Terra-Luna, dans laquelle les investissements de nombreux particuliers sont partis en fumée. «Beaucoup de nouveaux entrants sur le marché ont pu être trompés sur ce qui était qualifié de ‘stablecoin’ – l’UST de Terra –, qui était d’un genre particulier. Je suis persuadé que les régulateurs demanderont plus de garanties et de compréhension sur ce type de produit à l’avenir», analyse pour L’Agefi Elodie Trevillot, directrice réglementation, conformité et contrôle permanent à la banque Delubac & Cie. L’effet systémique a provoqué la chute de plateformes, comme Celsius Network ou Voyager Digital, plongeant dans l’incertitude des millions d’utilisateurs dont les fonds y sont toujours bloqués en attendant les dénouements judiciaires.

L’Europe a été la première région à se doter d’un cadre réglementaire après l’accord politique trouvé autour du texte MiCa (Markets in Crypto-Assets) et du TFR (Transfer of Funds Regulation), poussé notamment par la France, qui voulait une victoire politique avant de quitter la présidence de l’Union européenne. «MiCa ne sera pas le dernier texte réglementaire. En conséquence, il faut que les acteurs crypto continuent de s’organiser en se structurant pour dialoguer avec les instances européennes de la manière la plus efficace possible, pour aboutir à des textes réglementaires qui protègent le consommateur sans freiner l’innovation», insiste Faustine Fleuret, la présidente de l’Association pour le développement des actifs numériques (Adan). Lors des discussions, Bercy avait confié à L’Agefi que certains acteurs avaient «découvert le dialogue communautaire», et remarqué que de nombreux gros acteurs avaient fait des progrès pour se structurer.

De nombreux institutionnels attendent un cadre plus clair, notamment aux Etats-Unis ou en Asie, pour pleinement se lancer sur le marché. D’autres gros acteurs de l’écosystème crypto, comme Binance, poussent également en faveur d’une régulation, qui leur permettrait de continuer à gagner des utilisateurs en démocratisant notamment le paiement crypto.

La parade contre les ‘hacks’ géants

Les hacks spectaculaires de ces derniers mois, qui ont notamment visé les bridges, ont relancé le débat autour de la sécurité des crypto-actifs dans l’écosystème. Depuis le début de l’année, au moins 1,6 milliard de dollars ont été volés dans la finance décentralisée (DeFi), selon un décompte de l’entreprise de cybersécurité CertiK, soit déjà plus que les montant volés en 2020 et 2021 combinés.

Les investigations à la suite de ces hacks soulignent souvent un manque d’audits du code des structures crypto, comme le remarquait notamment une étude de KPMG parue mi-juin. Un manque de sérieux qui permet de «trier» entre les projets les plus solides et les plus «fantaisistes», selon de nombreux observateurs de la DeFi. Mais ces failles refroidissent certains institutionnels et freinent la démocratisation de la DeFi… ce qui n’est pas forcément pour déplaire à certains puristes, dont la philosophie est de bâtir un secteur concurrent au système bancaire classique.

Le développement des ‘stablecoins’ décentralisés

Après la chute de Terra-Luna, de nombreux projets dans la DeFi cherchaient un moyen d’être plus résilients. Même si les réflexions ne sont pas apparues à ce moment-là, l’affaire Tornado Cash a encore appuyé la nécessité que ces projets soient notamment moins dépendants d’une poignée d’acteurs comme Tether ou Circle, les entités qui émettent les deux plus gros stablecoins du marché.

Dans cette optique, Aave a déjà fait une proposition à sa communauté pour le lancement du GHO, un stablecoin décentralisé. Curve, l’autre géant de la DeFi, devrait faire de même dans les prochaines semaines. Le lancement de ces stablecoins viendrait concurrencer la mainmise de Tether et de Circle, dont les stablecoins sont utilisés à une écrasante majorité pour faire fonctionner économiquement la DeFi.

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