
La crédibilité de la blockchain Solana est mise à rude épreuve

Encore une panne pour la blockchain Solana. Cette dernière a été contrainte le 1er juin de stopper son activité pendant quatre heures. A son lancement en mars 2020, Solana était pourtant présentée comme le prochain «Ethereum killer». Avec une capacité d’exécution de 50.000 à 60.000 transactions par seconde (TPS) et des coûts dérisoires, la blockchain espérait devenir la nouvelle place forte de la finance décentralisée. A titre de comparaison, Bitcoin offre actuellement 7 TPS et Ethereum entre 15 et 20 TPS.
Entre août et septembre 2021, la blockchain décollait avec une augmentation de 900% de la valeur totale bloquée au sein de ses smart contracts sur cette période. Son jeton, le SOL, atteignait quant à lui des sommets en s’échangeant jusqu’à 200 dollars l’unité. Au même moment, les stablecoins de Tether (USDT) et de Circle (USDC), les deux plus gros du marché en termes de capitalisation, faisaient leur arrivée sur la blockchain, autre indicateur d’une popularité grandissante. Mais c’est précisément à ce moment que les ennuis ont débuté.
L’avance d’ethereum pousse ses concurrents à la faute
Le 14 septembre 2021, le réseau s’est retrouvé saturé de transactions et a été contraint de s’arrêter pendant près de 17 heures. Ce premier incident n’a pas découragé les investisseurs, considérant que c’est le lot des projets montants. Le SOL continuait son ascension en novembre jusqu’à 238 dollars, son plus haut historique. Mais les incidents du même type se sont multipliés les mois suivants avec un paroxysme au mois de janvier et une panne immobilisant la blockchain pendant près de 48 heures et mettant en lumière de sérieux problèmes concernant la décentralisation proposée par Solana. Au cours du premier mois de l’année, le SOL perdait près de 50% de sa valeur. «En permettant de nombreuses transactions à moindre frais, Solana incite indirectement à spammer le réseau, explique Manuel Valente, directeur scientifique chez Coinhouse. Soit vous multipliez les transactions pour faire tomber le réseau. Ou alors, vous engorgez la blockchain, comme pendant une vente de tickets pour un concert, pour augmenter vos chances d’être éligible à une distribution de jetons par exemple».
La popularité de Solana n’est pas la seule cause de ses problèmes, la dernière panne de mercredi étant liée à «un bug dans la génération des blocs. Des nœuds ont produit différents résultats pour la même opération, ce qui suggère que le code n’était pas bien écrit», analyse Manuel Valente. En cause ? La pression mise par le réseau Ethereum. «Le réseau Ethereum a une telle avance technologique par rapport à ses concurrents qu’il peut se permettre de prendre son temps pour déployer de nouvelles fonctionnalités. Les erreurs de Solana suggèrent que leurs développeurs ne prennent pas forcément ce temps nécessaire pour tester les mises à jour, en espérant rattraper le retard», estime l’expert. Le meilleur exemple est The Merge, la grande mise à jour d’Ethereum qui doit permettre à la blockchain d’améliorer sa scalabilité - la capacité à traiter l’accroissement des volumes - et de diminuer sa consommation d’énergie de 99,95%. Initialement prévue en octobre 2021, sa mise en place est régulièrement repoussée.
La recherche perpétuelle du trilemme
La recherche du parfait «trilemme» est au cœur de la bataille technologique au sein de l’écosystème crypto. A savoir proposer à la fois une parfaite sécurité, une scalabilité et une décentralisation au sein d’un même réseau, qui resterait évidemment disponible sans interruption. Régulièrement, des projets comme Solana voient le jour, en promettant de résoudre ces problématiques et espérer faire oublier Bitcoin et Ethereum. Même si leur scalabilité reste une question épineuse, ces deux blockchains sont actuellement les plus sécurisées et décentralisées.
Quant à leur disponibilité, Bitcoin n’a jamais cessé de fonctionner depuis sa mise en service. Pour sa part, Ethereum n’a connu de sérieux problèmes qu’en 2016. Les équipes de son fondateur Vitalik Buterin avaient alors été obligées de créer une blockchain parallèle pour contrer un hacker qui avait réussi à s’emparer d’environ 11 milliards de dollars en ethers.
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