Alexei Grinbaum : «ChatGPT est une révolution de l’ampleur du smartphone et du moteur de recherche»

A l’occasion du dîner de la Gestion Privée, Nicolas Beytout, président de L’Agefi, s’est entretenu avec Alexei Grinbaum, philosophe, physicien et directeur de recherche au CEA-Saclay.

Lors du dîner organisé par L’Agefi à l’occasion du Forum de la Gestion Privée, Alexei Grinbaum a partagé ses vues sur le développement des intelligences artificielles (IA) dites conversationnelles, dévoilées au grand public avec le lancement de l’outil ChatGPT par la société américaine OpenAI.

A la fois scientifique et philosophe, le directeur de recherche au CEA-Saclay voit dans ces IA une vraie révolution susceptible d’affecter de nombreux secteurs, de l’éducation au droit en passant par la finance. Et fait la démonstration en direct de la créativité de ces outils, capables d'écrire en quelques secondes un sonnet dans le style de Racine sur la vie d’un gestionnaire de fortune !

Il rappelle néanmoins que ces robots «qui produisent sur nous l’impression d’être des machines pensantes (…) n’ont en fait aucune logique, aucune connaissance de vérité. La machine ne pense pas. Elle ne fait que compléter des tokens».

Dans ces conditions, ces «intelligences artificielles» ont des limites selon Alexei Grinbaum. Par exemple, elles n’intègrent pas d’évaluation de la vérité ce qui peut les pousser à donner de mauvais conseils.

Réglementer, pas interdire

Leur potentiel n’en reste pas moins impressionnant et donne parfois «quelques frissons» estime le spécialiste notamment lorsqu’elles ont des comportements dits «émergents», qui n’étaient pas prévus par leurs concepteurs.

Pour ces raisons, des freins sont mis et seront mis à leur développement. De la part de leurs concepteurs qui déploient des mécanismes de contrôles mais aussi de la part des régulateurs. A ce sujet, Alexei Grinbaum considère cependant que l’Italie a fait «un faux pas incroyable» en les interdisant. «C’est comme si on interdisait les calculatrices».

Interrogé sur l’opportunité pour l’Union européenne de mettre en place des réglementations sur l’intelligence artificielle, il remarque que les normes imaginées par le Vieux Continent concernant le numérique ont ensuite tendance à se diffuser dans le monde. Il ne voit donc pas l’initiative d’un mauvais œil, à condition qu’elles intègrent des mesures permettant de continuer à tester ces solutions. «Le fait de réglementer pousse à réfléchir un peu plus, ce qui n’est pas si mal», estime le chercheur.

Alexei Grinbaum est directeur de recherche au CEA-Saclay et président du comité opérationnel d’éthique du numérique du CEA. Spécialiste de la théorie de l’information quantique, il s’intéresse depuis une vingtaine d’année aux questions éthiques en lien avec les nanotechnologies, l’intelligence artificielle, la robotique.

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