
Oi promet de lourdes pertes à ses créanciers obligataires

Déjà mal en point, les obligations Oi ont pris la mesure hier des risques de perte en capital que fait craindre la procédure de restructuration engagée par le quatrième opérateur brésilien de téléphonie mobile et numéro un de la téléphonie fixe. Les titres émis par la filiale Portugal Telecom International Finance sont par exemple tombés à des plus bas historiques, à 12,5% du pair. La décision du groupe brésilien de placer la maison-mère et cinq filiales sous la protection de la loi sur les faillites «affaiblit encore un peu plus le pouvoir de négociation des créanciers obligataires internationaux», estiment les analystes crédit d’Octo Finances.
Les négociations menées ces derniers mois entre PJT, le conseil d’Oi, et les obligataires, représentés par Moelis, n’ont pas permis de trouver un terrain d’entente. D’où la décision d’Oi d’en référer à la justice. La procédure lui permet notamment de suspendre immédiatement le paiement des intérêts de la dette, à quelques semaines d'échéances importantes. Elle lui donne également 180 jours pour proposer un plan à ses créanciers.
Selon la photographie à fin mai, Oi porte 65,4 milliards de réaux de dette (17 milliards d’euros), dont l'équivalent de 34 milliards de réaux de dette libellée en dollars et en euros parmi laquelle se trouvent les 17 milliards d’obligations émis par la filiale Portugal Telecom International Finance. Selon Fitch, Oi pourrait proposer à ses créanciers une décote de 65% sur les souches émises par Telemar Norte Leste, qui bénéficient d’une plus grande protection, et de 75% sur les autres senior unsecured. La moitié du principal pourrait être échangée contre deux nouvelles souches de maturité 2021 et 2023 et le reste converti en actions.
Oi compte plus de 200 créanciers différents, brésiliens, mais aussi américains ou européens, essentiellement des fonds de dettes distressed comme Aurelius Capital Management qui s’est déjà illustré dans le bras de fer avec l’Argentine.
Moins en risques que les prêteurs obligataires, les banques brésiliennes sont toutefois elles aussi exposées aux difficultés d’Oi. Selon les analystes de Credit Suisse, leur exposition s’élève à 17 milliards de réaux, dont 5,9 milliards pour Banco do Brasil et 5,7 milliards pour Itaú Unibanco, auxquels s’ajoutent 10 milliards de garanties apportées par un pool de 18 banques.
Plus d'articles du même thème
-
La coentreprise entre Orange et MasMovil pourrait rejoindre la Bourse espagnole
Les deux opérateurs ont fusionné il y a un an. Les discussions seraient menées par les fonds de private equity KKR, Cinven et Providence, qui sont actionnaires de MasMovil. -
Atalian peine à redresser la barre
Grand convalescent après un difficile refinancement l’an dernier, le groupe de services de nettoyage et de sûreté a vu sa rentabilité se dégrader en 2024. Le tout sur fond d’instabilité de sa gouvernance. -
Le groupe Iliad poursuit son ébouriffante croissance
Le groupe français de télécoms créé par Xavier Niel a dépassé en 2024 les 10 milliards d'euros de chiffre d’affaires, et compte 50 millions d'abonnés sur ses trois principaux marchés, la France, l'Italie et la Pologne.
Sujets d'actualité
ETF à la Une
- La Banque Postale débarque le patron de sa banque privée
- A la Société Générale, Slawomir Krupa se prépare à la taylorisation des banques
- La Société Générale prend le risque d'une grève en France fin mars
- Une nouvelle restructuration à la Société Générale ne plairait pas aux investisseurs
- Le CCF a perdu une centaine de millions d’euros l’an dernier
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions