
Nokia a gagné en «pricing power»

Mis à l’épreuve actuellement, le redressement de Nokia semble néanmoins pérenne. L’équipementier télécoms finlandais a annoncé jeudi un bénéfice d’exploitation trimestriel en hausse de 5,8% à 583 millions d’euros à données comparables, soit 13% au-dessus du consensus. Son chiffre d’affaires, en progression de 5% à 5,35 milliards, a également dépassé les attentes sur le trimestre écoulé. Le terrain regagné face à ses concurrents tient au succès de sa stratégie d’investissements massifs dans la R&D conjuguée à une baisse de ses coûts.
La pénurie de puces et les nouveaux confinements en Chine ont cependant accru les tensions sur les chaînes d’approvisionnement. «Il y a de l’inflation dans les composants, il y a de l’inflation dans les semi-conducteurs, il y a de l’inflation à peu près dans tout», a déclaré le directeur général, Pekka Lundmark, ajoutant que le groupe négociait avec ses clients la manière dont cette flambée des prix pourrait être répercutée. Ces discussions se tiennent lors du renouvellement des contrats, souvent conclus pour trois ans chez Nokia, un tiers des contrats de sa principale division de réseaux mobiles étant ainsi renouvelé chaque année.
Hausse de la marge des réseaux mobiles
Si les contraintes d’approvisionnement ont bridé la croissance de cette division dont les revenus trimestriels sont restés quasi-stable d’un an sur l’autre, les analystes de Handelsbanken soulignent «l’excellente performance» de cette activité dont la marge d’exploitation est passée de 3,4% à 7,5% d’un an sur l’autre. «Nous sommes confiants sur nos perspectives pour l’exercice 2022 et continuons de progresser vers nos objectifs de long terme», a affirmé Pekka Lundmark.
Concernant sa sortie du marché russe qui représentait moins de 2% des ventes du groupe l’an dernier, le dirigeant relève que les gouvernements occidentaux ayant pris des sanctions contre Moscou estiment que les entreprises appartenant au secteur des infrastructures télécoms «doivent le faire en continuant la maintenance durant le processus de départ». Il a précisé que le groupe, qui a enregistré dans ses comptes trimestriels une provision de 100 millions d’euros à ce titre, respecterait ces demandes gouvernementales.
Avance initiale de Samsung dans la 5G
Samsung Electronics, qui publiait également jeudi ses comptes trimestriels, a fait état d’un «défi immense» découlant de la situation macroéconomique et géopolitique qui a fait repartir l’inflation à l’échelle mondiale. La hausse du prix des matières premières a pénalisé la demande globale de smartphones et débouché sur un recul de 11% des livraisons au premier trimestre, selon la société d’études de marché Canalys. Le conglomérat sud-coréen table sur un rebond de la demande au second semestre dansles terminaux mobiles. Il a initialement tiré parti de l’avance prise par son pays dans le déploiement des réseaux 5G et il prévoit de renforcer sa position sur le marché américain.
Contrairement à ses concurrents européens, il peut s’appuyer sur une large gamme de composants électroniques fabriqués en interne pour satisfaire ses besoins dans les infrastructures télécoms. La croissance soutenue de ses ventes dans les puces mémoires a d’ailleurs largement contribué au bond de 50,5% de son bénéfice d’exploitation consolidé à 14.120 milliards de wons (10,5 milliards d’euros), accompagnant un chiffre d’affaires en hausse de 19% à près de 77.780 milliards de wons. Mais comme l’indique Sujeong Lim, analyste chez Counterpoint Research, «la bonne performance des semi-conducteurs de Samsung est en grande partie la conséquence de facteurs externes».
Le contraste entre Nokia et son plus proche concurrent Ericsson, qui lui damait le pion voici moins de deux ans, est désormais patent. L’équipementier télécoms suédois a annoncé mi-avril un bénéfice d’exploitation trimestriel ajusté en repli de 11% à 4,7 milliards de couronnes (455 millions d’euros), malgré une hausse de même ampleur de son chiffre d’affaires qui a atteint 55,1 milliards de couronnes. La suspension, pour une durée indéterminée, de ses activités en Russie l’a contraint à passer une provision de 936 millions de couronnes à fin mars. Mais sa réputation est avant tout ternie par son implication dans une affaire de corruption en Irak qui l’a placé dans le viseur de lajustice américaineet suédoise.
Plus d'articles du même thème
-
La coentreprise entre Orange et MasMovil pourrait rejoindre la Bourse espagnole
Les deux opérateurs ont fusionné il y a un an. Les discussions seraient menées par les fonds de private equity KKR, Cinven et Providence, qui sont actionnaires de MasMovil. -
Le groupe Iliad poursuit son ébouriffante croissance
Le groupe français de télécoms créé par Xavier Niel a dépassé en 2024 les 10 milliards d'euros de chiffre d’affaires, et compte 50 millions d'abonnés sur ses trois principaux marchés, la France, l'Italie et la Pologne. -
Vivendi accélère son désengagement de Telecom Italia
L'ex-conglomérat a annoncé, vendredi 21 mars au soir, qu'il a réduit sa participation dans Telecom Italia (TIM), détenant désormais 13,87% de son capital. Il pourrait même la réduire ce trimestre à 5%.
ETF à la Une
- La Banque Postale débarque le patron de sa banque privée
- A la Société Générale, Slawomir Krupa se prépare à la taylorisation des banques
- La Société Générale prend le risque d'une grève en France fin mars
- Une nouvelle restructuration à la Société Générale ne plairait pas aux investisseurs
- Le CCF a perdu une centaine de millions d’euros l’an dernier
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions