
L’Etat est prêt à voler au secours de la maison mère de William Saurin

La boîte de Pandore est ouverte. Moins de quinze jours après le décès de Monique Piffaut, sa présidente et unique actionnaire, Financière Turenne Lafayette (Madrange, William Saurin, Garbit…) vient de révéler que ses comptes étaient falsifiés depuis plusieurs années.
Un coup de tonnerre dans le monde déjà sinistré de l’agroalimentaire. Avant même qu’Eric le Gouvello prenne les rênes de Financière Turenne Lafayette (FTL) le 7 décembre dernier, le groupe avait diligenté un audit sur la santé financière de la holding. «Les premières constatations laissent apparaître une présentation trompeuse des comptes depuis plusieurs années, dans un contexte très dégradé pour la filière agroalimentaire en général et pour certaines filiales du groupe en particulier», précise la holding. Autrement dit, un dossier explosif. Le ministère de l’Agriculture et Bercy, qui ont eu dès lundi soir les premières conclusions de l’audit montrant de fausses facturations et de fausses avances sur stocks, y voient «un risque pour la pérennité du groupe». Ils ont saisi la justice «pour mener les investigations nécessaires, et déterminer les responsabilités et les causes de ces pratiques».
Les deux ministères ont assuré hier que «l’Etat prendra ses responsabilités» pour accompagner la nouvelle direction et les salariés (3.000 emplois directs et 1.500 intérimaires et prestataires) et qu’il «se mobilisera aux côtés des clients, des fournisseurs, des banques et des partenaires historiques» pour soutenir l’entreprise. L’Etat est donc prêt à injecter de l’argent pour éviter une liquidation judiciaire. «A ce stade, plusieurs pistes sont envisagées, parmi lesquelles la recherche de nouveaux moyens de financement, y compris au travers de l’ouverture du capital», précise FTL.
Si les intéressés se refusent à préciser le montant des malversations, l’inquiétude est là. La présentation trompeuse des comptes pourrait durer depuis dix ans. Le groupe réalise près de 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires. Les commissaires aux comptes actuels, PwC et Mazars, se contentent de déclarer pour le moment qu’ils «ont constaté des tensions de trésorerie depuis quelques mois». «Ceci les a conduits à mettre en œuvre les procédures prévues dans ce cas de figure», ajoutent-ils.
La situation est d’autant plus difficile que Monique Piffault, sans héritier direct, souhaitait transmettre ses biens à une fondation pour la protection de l’enfance, qui n’existe pas encore à ce jour.
Plus d'articles du même thème
-
Le président de BP s’apprête à tirer sa révérence sous la pression d’Elliott
Helge Lund quittera le groupe britannique, vraisemblablement en 2026, dans le cadre d’une transition ordonnée. La recherche d’un successeur est désormais lancée. -
Rebondissement pour Scor dans l’affaire Partner Re
Le réassureur Scor est mis en examen, en tant que personne morale, dans le cadre de l’enquête judiciaire pour des faits reprochés à son ancien président Denis Kessler. L’instruction concerne des faits imputés à l’association ASPM accusée de tentative de déstabilisation du groupe Covéa lors de sa procédure de rachat du réassureur Partner Re en 2022. -
Les tribulations de Carrefour crispent le marché et fragilisent son patron
A la peine en Bourse depuis plusieurs années, le distributeur peine à convaincre du bien-fondé de sa stratégie alors que le mandat de son PDG, Alexandre Bompard, arrivera à échéance en 2026.
ETF à la Une
- La Banque Postale débarque le patron de sa banque privée
- A la Société Générale, Slawomir Krupa se prépare à la taylorisation des banques
- La Société Générale prend le risque d'une grève en France fin mars
- Une nouvelle restructuration à la Société Générale ne plairait pas aux investisseurs
- Le CCF a perdu une centaine de millions d’euros l’an dernier
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions