
Les restrictions sanitaires aggravent les difficultés du SBF 120

La seconde vague de l'épidémie de coronavirus qui sévit en Europe donne des sueurs froides aux marchés alors que débute la saison des résultats du troisième trimestre. A Paris, le CAC 40 a cédé 1,89% jeudi, en ligne avec la plupart des autres indices européens. La mise en place d’un couvre-feu dans certaines grandes villes de France à partir de samedi avive les craintes des investisseurs internationaux sur la reprise économique en France.
«Le marché est peut-être un peu surpris par la dureté des mesures mais surtout par leur durée, avec une période envisagée de six semaines et peut-être davantage. Il y a derrière la grande question de la période de Noël», souligne Sébastien Korchia, responsable des gestions collectives à UBS La Maison de Gestion. «Il y a clairement un effet psychologique lié aux commentaires d’Emmanuel Macron sur la nécessité de faire face au virus au moins jusqu'à l'été prochain. Tous les secteurs qui peuvent être touchés de près ou de loin par les effets collatéraux de la pandémie sont pénalisés aujourd’hui», ajoute Simon Lechipre, analyste chez MainFirst.
Hôtellerie et services aux entreprises en première ligne
L’hôtelier Accor a cédé environ 5%, tandis que les spécialistes de la restauration collective Elior et Sodexo ont respectivement abandonné 3% et 2,5%.
«Pour l’instant, les nouvelles restrictions annoncées cherchent à éviter un arrêt complet de l’activité économique. Cependant, elles pèsent naturellement sur le moral des consommateurs, l’activité des services. En conséquence, il convient de rester à l'écart de tous les secteurs les plus négativement affectés par le Covid, notamment le secteur hôtelier et toutes les activités de services qui gravitent autour, comme la restauration collective, et de tous les services aux entreprises», prévient Harry Wolhandler, gérant chez Amilton. Le groupe de blanchisserie industrielle Elis, dont le titre a lâché 5% jeudi, a vu son cours reculer de 44% cette année.
«Le couvre-feu pèsera sur la demande d’hôtellerie dite de loisirs alors que c’est elle qui avait soutenu l’activité cet été. Clairement les gens n’ont pas envie de venir passer un week-end à Paris», renchérit Simon Lechipre.
Les secteurs qui souffraient déjà avant la crise sanitaire, comme le commerce physique et l’automobile, pourraient être confrontés à des difficultés encore plus grande, prévient Sébastien Korchia. Dans ce contexte, les publications trimestrielles et les commentaires de dirigeants de groupes comme Casino, Carrefour, Renault et Groupe PSA seront particulièrement suivis. Tout comme les annonces des foncières commerciales, Unibail-Rodamco-Westfield, attaqué par le duo Léon Bressler-Xavier Niel (lire par ailleurs), et Klépierre.
Le marché ne craint pas de fortes révisions
Pour autant, une partie des risques liés à la crise sanitaire semblent être déjà intégrés, indiquent les analystes. Car après le rebond d’activité observé cet été, la plupart des sociétés sont restées très prudentes et n’ont pas fourni d’objectifs sur l’ensemble de l’année.
«Je ne m’attends pas à de fortes révisions de consensus pour le troisième et le quatrième trimestre. En revanche, il y aura probablement des révisions à la baisse pour l’année prochaine, compte tenu des incertitudes sur la reprise économique», avance Vincent Boy, analyste marchés chez IG France.
Soulignant ces incertitudes, le Fonds monétaire international (FMI) a revu en baisse cette semaine ses prévisions de croissance pour la France en 2021. L’institution anticipe désormais une croissance de 6% contre 7,3% dans ses projections publiées en juin. Cette année, le produit intérieur brut de la France devrait reculer de 9,8%.
S’il est pénalisé par la crise sanitaire - le SBF 120 abandonne 18% depuis le début de l’année - le marché parisien profite aussi des soutiens apportés par les gouvernements et les banques centrales à travers le monde. Les progrès réalisés par les groupes pharmaceutiques pour commercialiser un vaccin seront déterminants pour la cote parisienne.
«La dynamique se dégrade, la visibilité baisse et les nouvelles mesures de distanciation sociale constituent de mauvaises nouvelles sur le plan macroéconomique. Dans ces conditions, le marché a envie de vendre, mais ne s’effondre pas, parce qu’il y a l’espoir du vaccin», constate Pierre Schang, gérant chez Tocqueville Finance.
Mais pour l’heure, «le problème du marché c’est le temps, d’un côté celui du vaccin, qui peut prendre plusieurs mois, de l’autre celui de la seconde vague qui est déjà présente», conclut Sébastien Korchia.
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