Les espoirs des particuliers exacerbent la volatilité d’Orpea

Le groupe de maisons de retraite connaît de fortes fluctuations boursières à quelques heures d’un vote décisif de ses actionnaires et créanciers.
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Orpea perd plus de 60% en Bourse depuis le début de l'année  - 

Une séance boursière qui en dit long. Le 26 juin, l’action Orpea s’est envolée, gagnant jusqu’à 40% en milieu de matinée, avant de s’affaisser brutalement à partir de 16h pour clôturer la journée sur un gain de 6%.

Dans les deux cas, la cause du fort mouvement boursier est bien identifiée. Le cours a d’abord flambé en réaction à la publication vendredi soir d’un rapport du cabinet Ledouble valorisant l’entreprise entre 2,6 et 7 milliards d’euros, avant de se dégonfler lorsque Orpea a tenu à préciser la signification des chiffres communiqués. Autrement dit, la société elle-même est intervenue pour prévenir des investisseurs un peu trop enthousiastes qu’ils avaient sans doute mal compris sa communication initiale.

Capitaux propres négatifs

Il faut dire que celle-ci n’était pas des plus claires. Le communiqué du 23 juin évoque simplement des «valorisations» estimées par un «expert financier indépendant». Il faut aller fouiller dans les rapports en question – mis à disposition par Orpea sur son site internet – pour comprendre que ces valorisations sont en réalité des «valeurs d’entreprise» et que, par conséquent, il faut retrancher le montant de l’endettement net, soit 8,9 milliards d’euros à fin 2022, pour obtenir les capitaux propres, soit la «vraie» valeur de la société telle que l’entend le sens commun. Une précision purement technique qu’a dû apporter Orpea via son communiqué du 26 juin à 15h45 en rappelant qu’une fois la dette déduite, les capitaux propres du groupe seraient négatifs quel que soit le scénario retenu par le cabinet Ledouble. De quoi doucher les espoirs des investisseurs qui ont pu croire que l’expert valorisait la société plusieurs milliards d’euros alors que sa capitalisation boursière actuelle ne dépasse pas 200 millions d’euros.

Dans une publication LinkedIn mardi matin, les auteurs du Vernimmen, l’ouvrage de référence en finance d’entreprise, ont critiqué le manque de clarté d’Orpea dans ses communications alors «que l’essentiel de l’actionnariat [du groupe] est aujourd’hui constitué d’investisseurs non professionnels». Difficile à confirmer, cette composition du capital expliquerait une partie de la forte volatilité du cours d’Orpea ces dernières semaines. «Il y a beaucoup de petits porteurs sur Orpea et les volumes échangés sont faibles», confirme Antoine Fraysse-Soulier, responsable de l’analyse de marché chez eToro. La faible capitalisation du groupe et le statut de «quasi-penny-stock» de l’action sont aussi des facteurs habituellement favorables à une forte volatilité.

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Le calendrier a également pu jouer. Une partie des créanciers du gérant de maisons de retraite avait jusqu’au 27 juin à midi pour voter sur le projet de plan de sauvegarde. Une autre classe de prêteurs ainsi que les actionnaires doivent pour leur part se prononcer le 28 juin lors de réunions organisées à Aubervilliers à 9h30 et 14h30 respectivement. Pour éviter tout mouvement erratique de l’action Orpea ce mercredi, la société a d’ailleurs demandé à Euronext la suspension du titre «dans l’attente de la publication du résultat des votes des classes de parties affectées sur le plan de sauvegarde accélérée». Celle-ci devrait «en principe» tomber le 29 juin avant l’ouverture de la Bourse.

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