
Le rachat de Tiffany par LVMH dérape en bagarre judiciaire

LVMH rompt ses fiançailles avec Tiffany. Le numéro un mondial du luxe a indiqué mercredi qu’il ne pouvait pas réaliser l’acquisition du joaillier américain, annoncée il y a un an pour 16,2 milliards de dollars.
Tiffany a annoncé dans la foulée avoir saisi un tribunal du Delaware afin de contraindre le groupe français à honorer ses engagements et mener à bien le rachat. Le groupe américain estime que LVMH a délibérément retardé le processus d’examen de l’opération par les autorités compétentes et a utilisé d’autres manoeuvres dilatoires pour le forcer à renégocier les termes de l’accord.
LVMH indique avoir reçu une lettre du ministre de l’Europe et des Affaires Etrangères qui, en réaction à la menace de taxes sur les produits français formulée par les Etats-Unis, lui aurait demandé de différer l’acquisition de Tiffany au-delà du 6 janvier 2021.
Roger Farah, le président de Tiffany, ne croit pas à cette excuse diplomatique. « Le droit français ne permet pas au ministre des Affaires étrangères d’ordonner à une société de violer un accord valide et contraignant, et les discussions unilatérales de LVMH avec le gouvernement français sans notification ni consultation de Tiffany et de ses conseils ont constitué une nouvelle violation des obligations de LVMH au titre de l’accord de fusion », indique le président du joaillier américain dans un communiqué, ajoutant que « ce prétendu effort officiel de la France pour exercer des représailles contre les États-Unis n’a jamais été annoncé ou discuté publiquement ».
Contacté par l’agence Agefi-Dow Jones, un responsable du commerce extérieur au Quai d’Orsay n'était pas disponible pour apporter un commentaire.
Rumeurs récurrentes de discorde
LVMH a également pris note de la demande de Tiffany de repousser le délai limite de réalisation de l’accord du 24 novembre 2020 au 31 décembre 2020, selon le communiqué.
L’accord de rapprochement conclu en novembre 2019 par LVMH et Tiffany prévoyait une finalisation de l’opération au plus tard le 24 novembre 2020. Cette date butoir avait été décalée de trois mois. Compte tenu de ces éléments, et après avoir mené de premières analyses juridiques, « le groupe LVMH ne serait donc pas en mesure de réaliser l’opération d’acquisition de la société Tiffany & Co », a indiqué le groupe.
Au début avril, LVMH avait réuni son conseil d’administration afin de réexaminer le rachat du joaillier américain. Le conseil d’administration «a notamment porté son attention sur l'évolution de la pandémie et son impact potentiel sur les résultats et les perspectives de Tiffany & Co», avait alors indiqué LVMH.
Selon des analystes, le groupe français aurait cherché à renégocier le prix d’acquisition de 16,2 milliards de dollars au regard de l’impact de la pandémie de coronavirus sur les perspectives du secteur du luxe.
Tiffany reproche également à LVMH d’avoir tardé à soumettre l’accord de fusion à l’approbation des autorités de la concurrence dans différents pays et régions, notamment dans l’Union européenne. Lors de la publication de ses résultats semestriels, à la fin juillet, LVMH avait indiqué que la date de finalisation du rachat de Tiffany dépendait de l’obtention des «dernières autorisations réglementaires.»
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