Le projet de scission de Telecom Italia mécontente les investisseurs

La suppression du dividende et les prévisions prudentes à moyen terme de l’opérateur télécoms ont fait plonger l’action de 14% jeudi.
Yves-Marc Le Réour
Telecom Italia (TIM)
Telecom Italia (TIM) a vu son cours de Bourse chuter de 14% hier en clôture.  -  Crédit TIM.

La défiance des investisseurs envers le plan stratégique actualisé de Telecom Italia (TIM) était patente jeudi. Avec une chute de 14% de son cours de Bourse à 0,295 euro en clôture, la capitalisation boursière a été ramenée à 6,22 milliards d’euros. Le projet industriel, approuvé mercredi soir à l’unanimité par le conseil d’administration, tient compte du caractère fortement compétitif du marché transalpin et du cadre réglementaire strict imposé aux intervenants du secteur. Il représente une alternative à l’offre d’achat non engageante annoncée en novembre dernier par le groupe de private equity américain KKR. Elaboré par l’administrateur délégué Pietro Labriola, ce plan prévoit la séparation du groupe en deux entités juridiques.

La première entité, nommée «NetCo», regroupera les actifs du réseau fixe, le marché de gros domestique et le réseau international de fibre optique détenu par sa filiale Sparkle. «Nous sommes prêts à perdre le contrôle de cette entité en intégrant des partenaires financiers et industriels», a souligné le dirigeant, ajoutant que cette option n’était plus taboue. Sur son marché intérieur, afin d’atteindre une couverture en fibre optique à domicile (FTTH) de 60% à l’horizon 2026, contre un précédent objectif de 57%, TIM investira annuellement entre 3 milliards et 3,2 milliards d’euros d’ici à 2024, avant de réduire progressivement son effort d’investissement à 15% de son chiffre d’affaires.

Un Ebitda stable d’ici à 2024

La seconde entité, nommée «ServCo», abritera les réseaux mobiles, les plateformes de services et les centres de données. Elle sera divisée en trois segments : grandes entreprises, particuliers et PME, et TIM Brasil. Sur l’ensemble de la période 2022-2024, TIM anticipe dans son périmètre actuel un excédent brut d’exploitation (Ebitda) stable, après un repli attendu de l’ordre de 10% à 12% cette année, ainsi qu’une croissance moyenne annuelle pondérée de son chiffre d’affaires demeurant inférieure à 5%. Ses investissements «devraient totaliser 4 milliards d’euros cette année, 3,9 milliards en 2023 et 3,8 milliards en 2024».

Vivendi, premier actionnaire de TIM, a considéré la proposition de KKR comme trop basse. Le groupe de médias et de communication était entré en 2015 au capitalau prix moyen de 1,071 euro par action. Mais le prix de 0,505 euro proposé par le fonds américain fait désormais ressortir une prime de 71% par rapport au cours de clôture de TIM jeudi, ce qui ne devrait pas inciter son prétendant à améliorer les conditions de l’offre. Le conseil d’administration de l’opérateur italien attend la remise prochaine des conclusions de ses conseillers financiers pour prendre une décision à ce sujet.

Une perte trimestrielle de 8,65 milliards

Après trois avertissements sur les résultats émis l’an dernier, la perte nette record de 8,65 milliards d’euros publiée au titre du quatrième trimestre 2021 fragilise la structure financière du groupe. Cette perte «inclut une dépréciation de survaleurs de 4,1 milliards d’euros, une charge fiscale de 3,5 milliards d’euros découlant d’un changement législatif allongeant la durée d’amortissement des survaleurs, ainsi qu’une provision pour risque de 548 millions d’euros afférente à la renégociation d’un contrat avec le service de streaming sportif DAZN», précisent les analystes de Jefferies. L’excédent brut d’exploitation trimestriel est ressorti à 1,38 milliard d’euros, contre un consensus à 1,43 milliard.

«L’ampleur de la perte en 2021, qui conduit à l’absence de dividendes ainsi qu'à une prévision prudente sur 2022-2024, constitue une surprise», estiment les analystes d’Intesa Sanpaolo. A fin décembre 2021, la dette nette du groupe atteignait 17,6 milliards d’euros hors passifs locatifs. Sur l’exercice en cours, celle-ci «sera affectée par des paiements non récurrents d’un montant total de 3,7 milliards d’euros, notamment pour le paiement des fréquences mobiles en Italie et au Brésil, ainsi que pour l’acquisition des actifs mobiles du brésilien Oi, dont l’impact sur l’effet de levier sera entièrement absorbé d’ici à 2025», soulignent les analystes crédit d’Octo Finances.

Afin d’alléger son endettement, TIMa émis un avis favorable à l’offre engageante d’un consortium financier mené par Ardian sur sa participation indirecte dans le spécialiste des tours télécoms Inwit. Le groupe français de capital investissement et TIM contrôlent respectivement 49% et 51% de Daphne 3, holding qui détient 30,2% du capital d’Inwit. Ardian propose d’acquérir pour un montant non dévoilé «la majorité du capital» de cette holding. L’opération «devrait être finalisée d’ici au mois de juin», a précisé Pietro Labriola.

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