
Le projet de rachat de Tesla par Elon Musk laisse place au scepticisme

Après l’euphorie, le scepticisme. 24 heures après avoir bondi de 11%, l’action Tesla a reperdu 2,43% hier soir à la Bourse de New York, finalement peu convaincue par le projet d’Elon Musk, le fondateur du fabricant de voitures électriques, de retirer la société de la Bourse. Même si cette ambition parait plus sérieuse que le simple tweet lancé mardi soir par Elon Musk, le conseil d’administration de Tesla ayant reconnu hier dans un communiqué avoir été saisi du sujet la semaine dernière, les investisseurs se demandent comment le fondateur du groupe de batteries pourrait financer une opération de cette taille, estimée à près de 80 milliards de dollars, dette comprise.
Tesla ayant déjà du mal à lever de la dette, les analystes de Jefferies se demandent «qui pourrait financer une telle opération». Le fabricant de voitures brûle plusieurs centaines de millions de dollars par trimestre (son cash-flow opérationnel était négatif à hauteur de 742 millions au deuxième trimestre 2018), ce qui rend impossible un financement par de la dette (LBO) classique. Pour expliquer son projet, Elon Musk a avancé l’exemple de Dell, racheté par son fondateur en 2013 avec l’appui de Silver Lake. Mais cette année-là, le fabricant d’ordinateurs avait dégagé plus de 3,2 milliards de dollars de cash-flow opérationnel.
L’entrée de nouveaux actionnaires, comme des fonds souverains, serait une possibilité. Mais cela supposerait de remplacer ou de réduire le poids des plus grands actionnaires actuels du groupe, ce qu’Elon Musk semble vouloir exclure. «Les parts des actionnaires pourraient être placées dans une nouvelle structure privée», avancent les analystes d’Evercore ISI, qui doutent tout de même de la faisabilité d’un tel public to private sur une société qui perd de l’argent.
Les analystes de Berenberg voient un obstacle encore plus grand que le seul financement : convaincre les actionnaires de renoncer à leur investissement, malgré les risques qu’il fait supporter. Le prix de 420 dollars par action évoqué par Elon Musk est «bas», selon Berenberg, qui estime le bon prix au-dessus de 500 dollars.
Pour New Street Research, «l’issue la plus probable est un abandon du projet, ce qui placerait toutefois la société en bonne position pour lever des fonds propres». Grâce au rebond de l’action, les porteurs d’obligations convertibles peuvent d’ailleurs plus sereinement envisager un exercice de leurs options, ce qui pourrait rassurer d’autres investisseurs potentiels.
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