
L’actionnariat salarié profite surtout aux dirigeants

Alerte. L’actionnariat salarié est en danger en Europe, prévient la Fédération européenne de l’actionnariat salarié (FEAS) à l’occasion de son baromètre annuel. Il ne cesse de se dégrader depuis le pic de 2011 avec 7,3 millions d’actionnaires salariés.
En 2022, les salariés détenaient 3,3% du capital de leur entreprise, soit 447 milliards d’euros, un record historique. Toutefois, la part détenue par les salariés ordinaires régresse. Les plans profitent largement aux dirigeants exécutifs qui «se taillent la part du lion» : 1,63% et 224 milliards pour 9.600 personnes, soit quatre dirigeants en moyenne par entreprise. Alors que les salariés ordinaires «piétinent» : 1,63% et 223 milliards pour 6,8 millions de salariés, révèle la FEAS. Plus de 21 millions d’euros en moyenne pour chaque dirigeant, contre 33.000 euros pour chaque actionnaire salarié ordinaire, qui demeure au même niveau qu’il y a 15 ans. Un actionnariat salarié «de moins en moins démocratique», martèle la FEAS.
A lire aussi: L’actionnariat salarié séduit de plus en plus d’entreprises
Dans les sociétés cotées européennes, le déséquilibre s’accentue. La part détenue par les dirigeants exécutifs dépasse désormais nettement celle des salariés ordinaires, alors qu’il y a quinze ans encore les dirigeants ne détenaient ensemble que 1,06%, contre 1,60% pour les salariés ordinaires.
La démarche séduit 95% des grandes entreprises
Un plus grand nombre d’entreprises propose un plan d’actionnariat salarié. En 2022, 95% des grandes entreprises avaient un actionnariat salarié (contre 69% en 2006), et 57% avaient des plans pour tous (contre 35% en 2006). Mais le nombre d’actionnaires salariés est en baisse dans tous les pays européens, hormis le Royaume-Uni, à 6,8 millions, un niveau inférieur à celui de 2012. En ajoutant un million d’actionnaires salariés dans les PME, le nombre total en Europe n’atteint plus que 7,8 millions contre 8,3 millions en 2011.
La chute de la démocratisation de l’actionnariat salarié en France est particulièrement prononcée. Si 41,5% des salariés des grandes entreprises cotées françaises étaient aussi leurs actionnaires au pic de 2010, ils ne sont plus que de 32% en 2022. Le taux tombe même à 19% en Europe (17% en Europe continentale et près de 27% au Royaume-Uni). Pourquoi une telle désaffection du meilleur élève européen ? «Elle est le signe que les plans d’actionnariat salarié sont de moins en moins efficaces, constate la FEAS. Les politiques fiscales nationales qui les soutiennent ont atteint leurs limites». En outre, les politiques d’actionnariat salarié restent nationales, alors que la part des salariés à l’international croît. Il y a seize ans, près d’un salarié sur deux d’une grande entreprise européenne était sur son marché domestique, là où il pouvait bénéficier des encouragements politiques de son pays, mais seulement un gros tiers aujourd’hui.
«Ce constat sanctionne l'échec de l’Europe à promouvoir une politique d’actionnariat salarié démocratique, tandis qu’au contraire elle s’accommode de l’envolée des dirigeants exécutifs», conclut la FEAS.
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