
La déflation ronge la valeur des télécoms européennes

Il y avait déjà la concurrence entre les quatre opérateurs français, le lancement d’Iliad en Italie, avec des forfaits mobiles illimités pour 6 euros par mois, ou bien encore l’escalade de promotions un peu partout en Europe, y compris de la part d’acteurs historiques. Mais en ouvrant la porte mi-juin à la naissance d’un quatrième opérateur de télécoms en Belgique, Alexander de Croo, le ministre fédéral des télécoms, a fini de couper le lien entre le secteur et les investisseurs.
En road show aux Etats-Unis après cette déclaration, Stéphane Beyazian, analyste chez Raymond James, dit avoir constaté «l’exaspération» des investisseurs américains vis-à-vis des télécoms européens, proches selon lui d’un point de «non-retour». Pendant des années, «de nombreux investisseurs (ou analystes) ont appelé à une différenciation par le réseau afin de retrouver de la croissance de chiffre d’affaires», rappelle Stéphane Beyazian. Or, «le constat est cruel : il n’y a pas de corrélation entre qualité du réseau et valorisation». La faute notamment aux challengers qui ont systématiquement répliqué aux investissements des opérateurs historiques par des baisses de prix.
Au cours des trois dernières années, la consommation mensuelle moyenne de données par consommateur a quasiment quadruplé (+280%) pour atteindre 3,4 gigaoctets, preuve de l’efficacité des services. Mais dans le même temps, «les revenus des opérateurs sont quasiment inchangés», soufflent les analystes de Barclays dans une note parue hier. Selon eux, le chiffre d’affaires par gigaoctet est tombé à 7 euros, contre 24 euros il y a trois ans.
Réservée à certains marchés, cette déflation tend à s’étendre. Quatre pays européens ont connu des baisses de prix au deuxième trimestre 2018 contre trois au premier trimestre, recensent les analystes de Credit Suisse. Alors que la croissance des revenus des opérateurs mobiles, hors effets réglementaires, avait baissé de 0,5 point au premier trimestre, à 1,2%, par rapport à la fin 2017, «un retour à un rythme de croissance annuelle durable de 1% à 2%» parait «plus compliqué», selon Credit Suisse.
La parade la plus efficace serait un vaste mouvement de concentration. Les quatre opérateurs français en rêvent. Mais l’obstacle réglementaire et politique reste élevé, essentiellement pour des questions de défense du pouvoir d’achat des consommateurs.
{"title":"","image":"160521»,"legend":"","credit":"Illustration L’Agefi."}
Plus d'articles du même thème
-
La coentreprise entre Orange et MasMovil pourrait rejoindre la Bourse espagnole
Les deux opérateurs ont fusionné il y a un an. Les discussions seraient menées par les fonds de private equity KKR, Cinven et Providence, qui sont actionnaires de MasMovil. -
Le groupe Iliad poursuit son ébouriffante croissance
Le groupe français de télécoms créé par Xavier Niel a dépassé en 2024 les 10 milliards d'euros de chiffre d’affaires, et compte 50 millions d'abonnés sur ses trois principaux marchés, la France, l'Italie et la Pologne. -
Vivendi accélère son désengagement de Telecom Italia
L'ex-conglomérat a annoncé, vendredi 21 mars au soir, qu'il a réduit sa participation dans Telecom Italia (TIM), détenant désormais 13,87% de son capital. Il pourrait même la réduire ce trimestre à 5%.
ETF à la Une
- La Banque Postale débarque le patron de sa banque privée
- A la Société Générale, Slawomir Krupa se prépare à la taylorisation des banques
- La Société Générale prend le risque d'une grève en France fin mars
- Une nouvelle restructuration à la Société Générale ne plairait pas aux investisseurs
- Le CCF a perdu une centaine de millions d’euros l’an dernier
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions