
Genfit accélère sa présence dans les maladies rares du foie

Après sa restructuration financièrede fin 2020, et son recentrage mi-2021 sur les maladies rares du foie où le besoin médical est le plus grand, la biopharmaceutique Genfit poursuit sur cette lancée en rachetant la biotech suisse Versantis, qui lui permet d’enrichir son portefeuille.
Genfit s’est recentré sur deux aires thérapeutiques – les maladies cholestatiques et celles hépatiques, dont l’insuffisance hépatique chronique aiguë (ACLF pour Acute on Chronic Liver Failure) – qui représentent des coûts élevés pour les systèmes de soins et sont associées à des besoins non satisfaits considérables pour les patients. Avec Versantis, Genfit renforce sa position dans l’ACLF, domaine dans lequel il ambitionne de devenir leader mondial. L’ACLF, caractérisé par l’aggravation d’une maladie avancée et chronique du foie provoquant l’insuffisance d’autres organes (cerveau, reins, cœur…), conduit à une mortalité à court-terme élevée (mortalité de 23% à 74% dans les 28 jours). Elle ne bénéficie d’aucun traitement idoine actuellement, alors que son incidence croît avec une population plus âgée, et avec l’augmentation du diabète, de l’obésité, de la Nash (maladie du foie gras), de la consommation d’alcool et de lésions hépatiques liées aux médicaments. Aux Etats-Unis, 137.000 patients sont hospitalisés chaque année avec un diagnostic ACLF. Ce marché est estimé à 4 milliards de dollars aux Etats-Unis et à 2 milliards de dollars en Europe, a précisé Pascal Prigent, directeur général de Genfit, lors d’une conférence de presse.
Pionnier dans le traitement de l’ACLF, Versantis apporte VS-01 – déjà reconnu comme maladie rare par la FDA américaine et l’EMA – qui entrera en phase 2 au quatrième trimestre 2022 avec un essai sur 60 patients. Les premières données d’efficacité et de sécurité sont attendues dès le premier semestre 2024. VS-01 est aussi développé dans le traitement du trouble de cycle de l’urée (UCD) chez l’enfant. Cette pathologie atteint un nourrisson sur 10.000 naissances, avec une survie à cinq ans de 25%. Le marché potentiel de cette indication est d’un peu plus de 1 milliard de dollars entre les Etats-Unis et l’Europe, précise Pascal Prigent. Genfit prévoit de demander l’approbation pour ces candidats-médicaments via des processus réglementaires accélérés. En outre, Versantis développe VS-02, en phase préclinique pour le traitement de l’encéphalopathie hépatique (HE).
Complément de prix
Genfit versera 40 millions de francs suisses (41,4 millions d’euros), avec la possibilité de 65 millions de francs de paiements additionnels, conditionnés aux résultats positifs de VS-01 et VS-02, et à l’approbation réglementaire de VS-01 par la FDA. Cette acquisition sera financée par la trésorerie de Genfit. Post-acquisition, la biopharmaceutique estime avoir la trésorerie nécessaire pour encore deux années. Genfit clôturait lundi en hausse de 2,68%, capitalisant 207 millions d’euros.
Fin 2021, Genfit avait cédé à Ipsen ses droits pour elafibranor, dans le traitement de cholangite biliaire primitive (CBP), une maladie inflammatoire du foie, pour 120 millions d’euros, et jusqu’à 360 millions d’euros de paiements supplémentaires. Une telle vente a permis à Genfit de «se concentrer à 100% sur son programme de R&D» et offrir «une flexibilité financière pour financer l’acquisition de droits de candidats médicaments», a rappelé Pascal Prigent.
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