
Une dette à régler

Il serait incongru et inaudible de parler aujourd’hui de consolidation des finances publiques. Même l’orthodoxe Fonds monétaire international n’y consent qu’à reculons dans son dernier rapport sur la France, tout à son enthousiasme des nouveaux convertis à la dépense. L’institution de Washington exhorte à juste titre tous les pays qui le peuvent à profiter de coûts d’endettement au rabais pour sauver leurs économies de la pire récession des temps modernes, en pratiquant le « quoi qu’il en coûte », et tous ceux qui ne le peuvent pas à retrouver les moyens d’agir en restructurant leur dette.
Des moyens, il en faudra beaucoup pour contrer les effets de la deuxième vague de confinements. En zone euro, les principales économies, à l’exception de l’Espagne, sont revenues à environ 95 % de leur jauge de 2019, grâce à un rebond estival qui a dépassé les espérances mais s’apparente déjà à un lointain souvenir de vacances. La contraction du produit intérieur brut attendue pour cette fin d’année sera moins violente qu’au deuxième trimestre, mais le renouveau moins dynamique. Dans l’alphabet de la reprise, c’est un « W » bancal qui semble promis aujourd’hui à l’Europe. Le prochain déconfinement sera plus prudent que le précédent, les agents économiques plus circonspects. Sauver les entreprises d’une crise de liquidité et éviter le chômage de masse, comme les Etats l’ont fait durant la première vague, est une chose. Susciter une vraie relance de la consommation et de l’investissement alors que la deuxième vague nous plonge durablement dans l’incertitude en est une autre. La cyclothymie a pris le pas sur le cycle économique. Plus ce stop-and-go durera, plus profonds seront ses effets sur l’économie, en particulier sur le secteur des services.
La question du rendement décroissant des mesures de soutien public est donc posée. Les membres de la zone euro vont devoir rivaliser d’ingéniosité pour que le malade sorte des soins intensifs sans séquelles durables. Il leur faudra s’endetter encore, et le soutien que la Banque centrale européenne se dit prête à leur apporter est d’autant plus appréciable. Mais dans cette drôle de guerre où il n’y aura pas d’infrastructures à reconstruire, comme au sortir du dernier conflit mondial, et donc de lendemains qui chantent, les Etats doivent garder à l’esprit qu’ils ne pourront s’écarter durablement d’une trajectoire de dette soutenable. On peut faire confiance à Berlin pour s’en souvenir et trier dans la dépense, moins à Paris. Or c’est aujourd’hui que se creusent les écarts qui, demain, nourriront les fragilités et les tensions au sein de la zone euro.
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