
TotalEnergies a rayé 14,4 milliards de dollars d’actifs russes en 2022

A chaque trimestre ses milliards perdus. Depuis le début de l’année, le géant de l’énergie distille les annonces concernant sa sortie de Russie, un pays où il avait beaucoup investi au point d’y employer 13,7 milliards de dollars de capitaux à fin 2021. Après avoir enregistré 4,1 milliards de dollars de dépréciations au premier trimestre, 3,5 milliards au deuxième et 3,1 milliards au troisième, TotalEnergies a décidé de rayer 3,7 milliards supplémentaires de ses comptes pour un montant global de 14,4 milliards de dollars.
Cette fois, la perte comptable concerne uniquement la part de 19,4% détenue par le français dans le pétrolier russe Novatek. Constatant que ses deux administrateurs au sein de l’entreprise «ne sont plus en mesure d’assurer pleinement leur mission» en raison des sanctions européennes, le groupe a décidé de les retirer du conseil. «En conséquence, les critères d’influence n’étant plus remplis», TotalEnergies ne consolidera plus sa participation, perdant au passage les 1,7 milliard de barils de réserves prouvées qui y étaient associées. Elle n’est pas pour autant vendue, le groupe expliquant ne pas être en mesure de la céder en raison des accords existants entre actionnaires et des sanctions internationales les frappant.
Difficile sortie
Novatek compte plusieurs oligarques à son capital ainsi que le groupe public russe Gazprom. Le britannique BP, qui avait annoncé sa sortie de Russie quelques jours après le début de l’offensive russe en Ukraine, a reconnu la semaine dernière que la vente de sa participation de 19,75% dans le groupe public Rosneft était rendue «complexe» par les sanctions internationales et les restrictions du gouvernement russe.
«Cette annonce va plutôt dans le sens de ceux qui plaident pour une sortie claire et nette du groupe de Russie», commente un analyste basé à Londres. TotalEnergies a été pointé du doigt pour n’avoir pas pris des mesures aussi rapides et radicales que ses concurrents vis-à-vis du marché russe. Son PDG, Patrick Pouyanné, a indiqué à plusieurs reprises que le groupe maintenait ses contrats de long terme, notamment sa participation dans l’usine de liquéfaction du gaz Yamal LNG, dans un souci de sécurité d’approvisionnement de l’Europe et parce qu’il encourrait d’importantes pénalités financières en cas de résiliation. Il a cependant précisé que le groupe se conformerait à d'éventuelles sanctions internationales sur le gaz russe. Novatek est le premier actionnaire de Yamal LNG avec un intérêt de 50,1%, devant TotalEnergies et le chinois CNPC, tous deux à 20%.
Pertes intégrées
«Nous ne nous attendons pas à ce que TotalEnergies retire ses intérêts du projet Yamal», qu’il s’agisse de son contrat d’approvisionnement ou de sa participation, soulignent les analystes de RBC Capital. Selon eux, la déconsolidation de la participation du groupe dans Novatek «marque probablement l’une des dernières étapes de son retrait partiel de la Russie». L’intermédiaire s’attend également à ce que le groupe continue à percevoir des dividendes de sa participation dans Novatek. Au deuxième trimestre, ces dividendes s'étaient élevés à 350 millions de dollars. «Compte tenu de la vigueur des prix des matières premières cette année, nous pensons que le paiement prévu au quatrième trimestre sera plus important», souligne RBC. Interrogé à ce sujet, TotalEnergies n’a pas donné suite.
En Bourse, l’action a clôturé en baisse de 0,9% vendredi. La perte des actifs russes du groupe est déjà largement anticipée par le marché. Lors d’une journée investisseurs organisée en septembre dernier, les dirigeants avaient présenté des objectifs bien accueillis qui excluaient toute activité en Russie. Depuis le titre TotalEnergies a rebondi de 20% malgré une baisse du prix du pétrole de 12% sur la période.
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