
PROFILS GAGNANTS - Certifiés conformes
PROFILS GAGNANTS
La rédaction

Confinée ou pas, voilà une profession qui ne connaît pas la crise. Les spécialistes de la conformité voient leur champ d’action s’élargir année après année, et le stress test inédit vécu au printemps dans les entreprises ne fera qu’accentuer la tendance. La banque et l’assurance ont toujours employé de gros bataillons de compliance officers, dans des métiers où la lutte contre la fraude, le blanchiment d’argent ou le financement du terrorisme constituent une ardente obligation. Les évolutions réglementaires et technologiques ont enrichi, depuis, la fonction, et l’ont faite essaimer. En 2016, la loi Sapin 2 a inscrit la conformité au cœur de la pratique des entreprises non financières avec ses dispositions sur les lanceurs d’alerte et la lutte contre la corruption. La protection des données est devenue un autre pilier de la compliance, inscrite désormais dans les textes avec le règlement européen RGPD (Règlement général sur la protection des données) et dans les organigrammes des groupes concernés au travers du data protection officer (DPO). Les nouveaux acteurs de la finance, vendeurs de cryptomonnaies et prestataires de services de paiement en tête, découvrent quant à eux la nécessité de renforcer le volet sécuritaire d’activités perçues à tort ou à raison en 2020 comme le point d’entrée privilégié des flux d’argent douteux. Innovation essentielle L’importance croissante de ces profils se lit aussi dans les rémunérations. Une étude du cabinet spécialisé en management de transition Atorus Executive, publiée en 2019, révélait que la moitié des professionnels de la compliance gagnent plus de 70.000 euros bruts par an, entreprises financières et non financières confondues. Un niveau porté à 110.000 euros pour les juristes seniors, les responsables du contrôle interne et de la conformité (RCCI), et jusqu’à 120.000 euros pour un data protection officer. Pour ces raisons, L’Agefi a choisi cette année de mettre en avant dans ses « Profils gagnants » des experts de la conformité. Non pas pour établir une hiérarchie définitive entre les présents et les absents, ou placer tel ou telle sur un piédestal, mais pour rendre compte de la diversité et de la vitalité de cette profession. Ingénieur, financier ou juriste de formation, ils travaillent aujourd’hui dans les services bancaires, l’assurance, le capital-investissement, la gestion d’actifs ou de patrimoine, les régulateurs ou encore la fintech. Certains ont fait toute leur carrière dans la banque, d’autres ont débuté dans l’univers du paiement ou de l’entreprise avant de rejoindre l’univers des start-up de la finance. Tous sont venus à la compliance après des expériences variées dans d’autres fonctions. Apporter des regards neufs dans un métier qui pourrait apparaître de prime abord rébarbatif et réservé à des spécialistes est une nécessité. « Il ne faut pas craindre de faire venir des collaborateurs n’ayant pas d’expérience de la conformité s’ils sont polyvalents et dotés de bon sens », affirme Nicolas Lanquetot, responsable de la sécurité financière et de l’éthique professionnelle chez BNP Paribas Cardif. C’est aussi un bon moyen de parler le langage des opérationnels, qu’il faut évangéliser. Au sein de la direction de la conformité chez Crédit Agricole SA, « la vocation de mon équipe est de donner le goût à tout collaborateur, au siège comme dans les filiales, de travailler avec la ‘compliance’ », assure ainsi Emilie Piasecki, responsable de l’innovation. L’innovation ? Sa dimension est essentielle. Ici comme ailleurs, la digitalisation des processus de contrôle est la grande affaire des prochaines années, la crise actuelle servant d’accélérateur. Mais elle est surtout cette vague qu’il faut savoir dompter sans la briser ou s’y noyer. « Le travail est délicat : favoriser l’innovation sans compromettre la sécurité du système financier et des épargnants », reconnaît Geoffroy Goffinet, à l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR). Délicat, mais avec au bout du compte la satisfaction de défricher de nouveaux territoires, comme Sandrine Lebeau, directrice de la conformité chez Coinhouse : l’ex-Maison du Bitcoin a la première obtenu en mars le précieux tampon de prestataire de services sur actifs numériques (PSAN).
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