
Paris renouvelle son opération séduction auprès des investisseurs étrangers

Fraîchement réélu, Emmanuel Macron veut convaincre les grandes entreprises étrangères de continuer à investir en France. Dans le cadre de la cinquième édition de Choose France, le sommet visant à promouvoir l’attractivité de la France auprès des grandes entreprises étrangères, le président reçoit, ce lundi, «plus de 180 dirigeants de grands groupes étrangers» au château de Versailles, indique-t-on à l’Elysée.
Parmi les invités sont annoncés James Quincey, directeur général de Coca Cola, Bob Chapek, de Disney, Lakshmi Mitttal, d’ArcelorMittal, Belén Garijo, de Merck, ou encore Ted Sarandos, co-dirigeant de Netflix. Aucun géant technologique en revanche. Le secteur financier aussi sera bien représenté, avec les dirigeants de Citi, JPMorgan, Morgan Stanley et Macquarie.
Plusieurs fonds souverains seront également représentés, notamment ceux d’Abu Dabi, d’Arabie saoudite, du Koweit, du Qatar et de Corée du Sud. Le président Emmanuel Macron tiendra lui-même des rendez-vous bilatéraux avec leurs dirigeants. Des fonds français – Ardian, Tikeau, et Eurazeo – seront également de la partie.
Dans les temps forts de ce lundi, des rendez-vous bilatéraux sont prévus, entre des patrons, français et étrangers, et avec une partie du gouvernement – une vingtaine de membres sont mobilisés pour cette journée. S’ensuivront trois tables rondes. Emmanuel Macron participera lui-même à une table ronde avec les patrons de BASF, Citi, Merck et Ericsson.
La France, n° 1 européen pour les investissements étrangers
Cet événement sera l’occasion pour Emmanuel Macron de réaffirmer l’attractivité de la Place de Paris, «pour l’implantation de sites d’entreprises étrangères», insiste la source à l’Elysée. Autre enjeu, «la réindustrialisation dans beaucoup de territoires, en lien avec celui de la souveraineté – avec par exemple la relocalisation de la production de médicaments», poursuit cette source.
La France valorisera ses bons résultats en la matière : depuis trois ans, l’Hexagone est le premier pays en Europe en termes d’accueil d’investissements étrangers en Europe, d’après le baromètre Ernst & Young.
«Malgré la crise, les réformes mises en place depuis 2017 sur la fiscalité ou le marché du travail ont été maintenues. Elles ont donné un appel d’air aux entreprises, qui ont pu refaire des projets en France, précise à L’Agefi Marc Lhermitte, associé chez EY et auteur du rapport. La France a surtout pris des parts de marché au Royaume-Uni, pénalisé par le Brexit, surtout sur l’export de produits industriels.»
En revanche, «Londres a globalement conservé toute sa puissance de première place financière européenne – malgré quelques déplacements de sièges d’activités réglementées par le passeport européen», précise Marc Lhermitte. Et ce même si les banques de financement (BFI) américaines se sont fortement déployées à Paris, passant de 840 à 4.300 postes à Paris depuis le Brexit, selon un décompte de Sia Partners Paris.
6,7 milliards d’euros d’investissements
Au cours de ce cinquième Choose France, 14 nouveaux projets d’investissement doivent être annoncés par ces entreprises, pour un montant de 6,7 milliards d’euros, représentant «4.000 emplois pérennes», indique l’Elysée. Ils recevront entre 5% et 10% d’argent public.
Déjà, de nouveaux projets avaient été dévoilés en janvier, dont une future usine Eastman de recyclage moléculaire, pour 850 millions d’euros.
Ce lundi, le groupe espagnol de réservations touristiques Amadeus annoncera 800 créations d’emplois en France, pour l’essentiel dans son centre de R&D à Sophia Antipolis (Alpes-Maritimes). Le constructeur italien de véhicules et bus Iveco va lancer «un important plan d’investissement» dans des bus électriques et l’hybridation d’autobus urbains. Autre exemple, l’entreprise automobile vietnamienne VinFast prévoit d’ouvrir «25 showrooms et ateliers dans toute la France», d’après le dossier de presse de l’Elysée.
Autre gros projet annoncé ce lundi, celui de STMicroelectronics et GlobalFoundries, qui vont créer une nouvelle usine de semi-conducteurs en France. Il s’agit d’un investissement de 5,7 milliards d’euros, qui bénéficiera du soutien de l’Etat. «Des emplois vont être créés sur le site ST de Crolles», en Isère, déclare STMicro, selon lequel la nouvelle unité de production demandera environ 1.000 postes supplémentaires.
Pour autant, «la France n’arrive pas à attirer les très gros projets industriels, qui partent en Allemagne, comme ceux de Tesla et Intel. Le temps des procédures et la complexité administrative sont un vrai sujet pour la France. Le rapport Guillot de 2022 [sur la simplification et l’accélération des implantations économiques, NDLR] montre que les procédures administratives sont trois fois plus longues en France qu’en Allemagne», tempère Marc Lhermitte, de E&Y.
Depuis le premier Choose France, de janvier 2018, et en incluant les annonces du mois de janvier, sur 80 projets annoncés, 25 ont été exécutés, 50 sont en cours de réalisation (souvent dans le cadre de projets pluriannuels) et quatre, abandonnés. Ces projets représentent plus de 12 milliards d’euros d’investissements, indique l’Elysée.
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