
Mario Draghi dévoile ses recettes pour un choc de compétitivité en Europe

L’Europe doit investir massivement dans l’innovation, réformer sa gouvernance et relancer l’Union des marchés de capitaux si elle veut réduire l’écart de croissance avec les Etats-Unis et la Chine et accroître sa productivité et sa compétitivité, a indiqué Mario Draghi lundi. L’ex-président de la Banque centrale européenne a remis ce matin à la Commission européenne un rapport très attendu, de près de 400 pages, qui s’inscrit dans la ligne des réflexions menées par son compatriote Enrico Letta sur le Marché unique.
Selon Mario Draghi, le continent devra investir chaque année 5% de son produit intérieur brut, soit autour de 750 à 800 milliards d’euros, dont 450 milliards pour financer la transition verte. A titre de comparaison, le plan Marshall déployé en Europe au lendemain de la Seconde guerre mondiale a représenté un effort de 1% à 2% du PIB.
Le rapport préconise dix politiques sectorielles – énergie, digital, automobile… – et cinq politique transversales, dont le soutien à l’innovation et la gouvernance de l’Union européenne. « Il faut faire moins de choses et mieux au niveau de l’UE, en donnant la priorité aux politiques et aux actions là où l’UE apporte le plus de valeur ajoutée (…). Cela veut dire ‘plus d’Europe’ là où c’est vraiment important, tout en laissant plus de marge de manœuvre et de responsabilité aux Etats membres et au secteur privé », indique le document.
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Une SEC européenne
L’ancien banquier central consacre une place importante à un problème bien connu, l’inadéquation entre une abondante épargne en Europe et les besoins de financement de l’économie. Les capacités du secteur bancaire étant limitées, le rapport Draghi appelle à la relance de l’Union des marchés de capitaux et à d’autres réformes structurelles de la finance européenne. Parmi ces pistes, la création d’une véritable autorité des marchés européenne, équivalente à la SEC américaine, le développement de fonds de pension collectifs, un assouplissement du cadre réglementaire de la titrisation, ou encore un recentrage du budget de l’UE sur les priorités stratégiques du continent.
Certaines de ces pistes étaient déjà évoquées dans le rapport Noyer pour la relance de l’UMC, remis au printemps en France. Mario Draghi met aussi en avant un sujet qui lui est cher, la création d’un actif sans risque européen grâce à des émissions conjointes de dette. Le plan de relance européen décidé lors de la pandémie de Covid avait posé la première brique de ce projet, que l’indiscipline budgétaire d’Etats comme la France rend aujourd’hui impossible.
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